Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Le dernier témoin « général » qui témoignait au procès Bemba cette semaine a décrit les nombreux crimes qu’il a indiqué avoir été commis dans son quartier par les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) dirigé par l’accusé. Il a déclaré à la Cour que les soldats avaient tué sa sœur, violé sa femme et l’avaient sodomisé.

Témoignant anonymement, le témoin a également indiqué que bien que les habitants d’une ville de la région en République centrafricaine (RCA) aient imploré Jean-Pierre Bemba de contenir ses soldats indisciplinés, les atrocités n’avaient pas cessé après que l’accusé se soit adressé à ses combattants.

Le ‘‘témoin 69’’ bénéficiait d’une déformation numérique du visage et de la voix pour le public, et l’essentiel de son témoignage s’est déroulé à huis clos. De plus, à la suite d’une évaluation de l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU), il a témoigné avec l’aide d’un assistant présent dans le tribunal.

Jusqu’à il y a deux semaines, les procureurs avaient l’intention d’appeler le ‘‘témoin 69’’ en tant que dernier témoin pour donner un aperçu des crimes commis par les troupes de l’accusé. Cependant, en raison de l’indisponibilité des témoins de « l’intérieur » prévus pour se présenter à la barre avant les vacances de Noël, les juges ont intimé aux procureurs d’appeler ce témoin cette semaine.

Lorsqu’il s’est présenté lundi à la barre, le ‘‘témoin 69’’ a indiqué que sa sœur avait été abattue par deux combattants du MLC. « Elle a été tuée comme un animal, comme un chien », a-t-il indiqué. Il a déclaré que les soldats armés du groupe de l’accusé, qui étaient vêtus d’uniformes militaires et qui parlaient lingala, une langue originaire du Congo, avaient attaqué sa sœur « afin de lui prendre son argent » le 9 novembre 2002.

Le témoin a également raconté comment six soldats l’avaient attaqué ainsi que sa femme dans leur maison. « Ils m’ont empoigné et m’ont emmené dans une des chambres… ils m’ont ordonné de me coucher. L’un d’entre eux s’est approché et m’a sodomisé », a déclaré le témoin. « Les hommes de M. Bemba m’ont humilié ».

Il a ajouté que le même jour, les combattants de M. Bemba avaient violé sa femme, « Ce n’est qu’après deux semaines qu’elle a pu se lever toute seule ».

Le témoin a poursuivi, « Ma famille est complètement détruite. Ma femme, mes enfants, nous avons subi tout cela. Encore maintenant, je souffre des conséquences de ces crimes et je m’en remets pour tout ceci aux mains de Dieu ».

Les procureurs affirment que jusqu’à 1 500 soldats commandés par M. Bemba ont violé, tué et pillé des civils dans la RCA voisine lors du conflit qui a ravagé ce pays en 2002 et 2003.

L’accusation soutient que M. Bemba savait que ses troupes commettaient des crimes et qu’il n’a pas pris « toutes les mesures nécessaires et raisonnables qui étaient en son pouvoir pour empêcher ou réprimer leur commission ». M. Bemba a plaidé non coupable pour l’ensemble des cinq chefs d’accusation auxquels il doit répondre.

Le témoin a déclaré, « aucun objet de valeur n’avait été épargné » par les soldats du MLC. Ils avaient volé des meubles, des ustensiles de cuisine et d’autres biens domestiques tels que des postes de radio et de télévision. « Même des sacs utilisés par des femmes pour se rendre au marché ont été pris », a-t-il ajouté.

Il a déclaré que les combattants de M. Bemba avaient pillé de nombreuses villes dont Boali, Sibut et Bossembélé. Tous les biens pillés avaient été transportés vers la rivière Oubangui puis à travers cette dernière au Congo voisin par canoës.

Le témoin a également indiqué que le MLC chassait les animaux domestiques tels que les poules, les vaches et les moutons pour leur propre consommation. « Aucun animal n’était épargné, même les chiens. Ils tuaient les chiens et mangeaient leur viande. C’était un de leurs plats préférés », a précisé le témoin.

Selon lui, les crimes perpétrés par les soldats s’étaient accentués après qu’ils aient eu une réunion avec les habitants de la ville centrafricaine qu’ils occupaient. Même après une visite ultérieure de leur commandant en chef, les soldats congolais avaient continué à terroriser les civils.

Le témoin a déclaré qu’une réunion avait été organisée à la mairie quelques jours après l’arrivée des troupes dans la ville de Begua. Des habitants de la ville ainsi que les troupes congolaises assistaient à cette réunion.

Lors de l’interrogatoire mené par l’avocat de l’accusation Thomas Bifwoli, il a affirmé que, lors de la réunion, un commandant anonyme avait indiqué que le MLC était « venu pour travailler main dans la main » avec les autochtones. Cependant, lorsqu’un habitant avait fustigé le comportement violent du MLC, le commandant s’était mis en colère et était parti immédiatement. De ce fait, « aucun accord » n’avait été conclu et les actes de violence avaient persisté.

« Ils ont continué à voler et saccager les maisons… cherchant les maisons bien bâties afin d’y installer leurs bureaux et pour emménager dans ces maisons bien bâties », a-t-il précisé.

Le ‘‘témoin 69’’ a indiqué que M. Bemba avait visité une seule fois ses troupes qui stationnaient à Begua. Il a déclaré que, après la visite, les soldats avaient continué de commettre des crimes. « S’il avait déclaré pendant sa visite qu’ils ne devaient pas continuer à commettre ces actes de violence et ces abus, ils auraient arrêté », a affirmé le témoin.

Néanmoins, les avocats de la défense ont souligné les divergences entre le témoignage de ce témoin et les déclarations de son épouse. Ils l’ont interrogé sur les différences existant entre les évènements entourant son agression présumée par les soldats appartenant à la milice de l’accusé tels qu’il les a décrit aux enquêteurs de la CPI et la manière dont il les a raconté de nouveau devant la Cour.

Le témoin a déclaré devant la Cour que, lors de cette agression, une balle l’avait atteint à la cheville et que, après avoir été tabassé par un soldat, il souffrait de troubles permanents de la vue.

Cependant, dans une déclaration lue devant la Cour, la femme du témoin aurait déclaré que son mari et leurs enfants avaient fui la maison vers 16 h le jour où les soldats congolais étaient arrivés. Elle aurait affirmé que cinq soldats armés l’avaient violée tandis que les autres volaient « divers biens » dans la maison. Elle aurait indiqué que les soldats l’avaient ensuite libérée mais avaient continué d’occuper sa maison pendant cinq mois.

La femme du témoin n’a également fait aucune mention de la sodomisation de son mari ou du meurtre de sa sœur, deux évènements qui ont été au cœur de son témoignage. Le ‘‘témoin 69’’ a répondu que sa femme « avait son histoire à raconter » et qu’il avait la sienne. « Ma femme est aussi illettrée que je le suis », a-t-il ajouté.

En outre, dans une déclaration de 2008 faite aux enquêteurs de la CPI, le témoin aurait déclaré avoir reçu une balle dans la cheville par des soldats congolais, être tombé sur des pierres et avoir été frappé à l’œil gauche. Toutefois, dans cette déclaration, le témoin n’a pas cité sa présumée sodomisation.

Interrogé par l’avocat de la défense Peter Haynes pour savoir pourquoi il n’avait pas mentionné aux enquêteurs de la CPI qu’il avait été sodomisé et frappé à l’œil, au lieu de dire qu’il était tombé sur des pierres, le ‘‘témoin 69’’ a attribué ces divergences à des erreurs de transcription de son témoignage oral.

« La personne qui a établit ce document a mal compris. Les gens font des erreurs », a-t-il ajouté.

Le procès se poursuivra mardi prochain.

1 Commentaire
  1. Let’s give our President Bemba Freedom we need him in our country stop with this ridiculous things we know that in Africa if you ask anyone to go to Europe without money he can give you even his son for that…then stop to tell us that this guy is a right person that we can believe…Nous voulons notre President libre arretez avec du n’importe quoi le COngo a besoin de son président Commencez arreter ceux qui ont fait appel aux troupes de Bemba….Franchement On en a marre avec du Blabla bla


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