Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Cette semaine, deux anciens représentants du gouvernement du défunt président centrafricain, Ange-Félix Patassé, ont témoigné pour la défense de Jean-Pierre Bemba, qui est jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) depuis novembre 2010.

Ils ont déclaré qu’il était faux que les troupes appartenant au groupe que l’accusé dirigeait avaient commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Ils ont indiqué que, au contraire, c’était les rebelles menés par le général François Bozizé qui avaient violé, tué et pillé. Un des autres témoins, un ancien officier du renseignement anonyme des forces armées centrafricaines, a également indiqué que les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba déployés dans le conflit recevaient leurs ordres des commandants de M. Patassé.

Cette semaine a débuté avec le témoignage de Prosper Ndouba, un ancien porte-parole de M. Patassé. Il a déclaré avoir été enlevé le 25 octobre 2002 et que durant les 38 jours pendant lesquels il avait été retenu captif par les rebelles de M. Bozizé, il avait entendu certains d’entre eux parler lingala, une langue congolaise. « Lorsque j’étais avec eux au PK 12, certains de ces rebelles parlaient lingala entre eux. Ils ont indiqué que c’était pour qu’ils soient pris pour des troupes du MLC et non pour des rebelles », a expliqué le témoin.

« Pourquoi les rebelles de M. Bozizé auraient parlé lingala et prétendu être quelqu’un d’autre si le MLC n’était pas présent en RCA à l’époque ? », a demandé l’avocat de l’accusation Petra Kneur.

« Ils s’attendaient à ce qu’il [le MLC] arrive », a répondu le témoin. Il n’a pas indiqué le nombre de soldats centrafricains qu’il avait entendu parler lingala.

Les procureurs affirment que les soldats qui ont agressé les civils appartenaient au MLC et que les témoins de l’accusation les avaient identifiés comme tels parce qu’ils parlaient lingala. M. Bemba a soutenu que les soldats pilleurs n’appartenaient pas à son groupe. Il est jugé pour manquement présumé à contrôler ses troupes que les procureurs accusent d’avoir agressé des civils lors du conflit de 2002-2003 qui a ravagé la RCA.

M. Ndouba a répété que les rebelles de M. Bozizé avaient commis les crimes et qu’ils constituaient le seul groupe armé dans la capitale du pays Bangui à l’époque de son enlèvement. Il a déclaré que la population locale était « terrorisée » et « effrayée » lorsque les rebelles occupaient les environs.

Lors de l’interrogatoire mené par l’avocat des victimes Assingambi Zarambaud, M. Ndouba a affirmé qu’aucune troupe du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) n’était présente à Bangui à l’époque de son enlèvement.

Le témoin a également déclaré qu’il n’avait connaissance d’aucun crime ou abus commis par les troupes de M. Bemba car il n’avait pas accès aux informations diffusées à la radio lors des 38 jours de sa captivité. Durant les quelques jours qui avaient suivi son retour à Bangui en décembre 2002, il avait voyagé aux États-Unis et ensuite en France.

Il a indiqué que les rebelles de M. Bozizé manquaient de ravitaillement et que, par conséquent, ils pillaient des magasins, des fermes et des maisons à Bangui et dans ses environs. « Je les ai vu », a-t’il précisé.

La déposition de M. Ndouba semble ébranler celles des témoins de l’accusation qui ont témoigné sur les crimes commis à Bangui, qui auraient été perpétrés par les combattants de l’accusé dès le 25 octobre 2002.

Les procureurs ont interrogé M. Ndouba sur les divergences existant entre son témoignage apporté devant la Cour et le récit qu’il avait donné dans un livre en 2006.

Bien que le témoin ait déclaré au tribunal la semaine dernière n’avoir eu aucun contact avec sa famille durant sa captivité, il a admis cette semaine que, tel que décrit en détails dans son livre intitulé L’otage du général rebelle centrafricain François Bozizé, des membres de sa famille l’avaient visité à deux reprises.

M. Ndouba avait également précédemment affirmé que, au moment de sa captivité, les rebelles de M. Bozizé représentaient le seul groupe armé présent dans la capitale Bangui. Il raconte toutefois dans son livre avoir entendu des conversations entre ses ravisseurs indiquant que les forces du MLC avaient pris des positions dans la capitale le soir de son enlèvement.

Il a précisé cette semaine que des rumeurs circulaient sur la présence des combattants du MLC à Bangui à l’époque mais il pensait qu’ils n’étaient pas encore arrivés.

Mme Kneur a demandé au témoin si, étant donné ses sentiments personnels vis-à-vis de M. Bozizé à la suite de son enlèvement et de la perte de son travail consécutive, il était impartial et objectif.

M. Ndouba a répondu qu’il n’était qu’un « homme » qui avait des rancœurs vis-à-vis de l’actuel président de la RCA. Il a ajouté cependant que son témoignage était le véritable récit des évènements tels qu’il les avait vécus.

Entretemps, un ancien officier du renseignement des Forces armées centrafricaines (FACA) a donné des détails sur l’aide logistique fournie par le gouvernement du président Patassé aux troupes du MLC.

Témoignant avec des mesures de protection, notamment une déformation numérique de la voix et du visage, le ‘‘témoin D04-07’’ a également déclaré que les troupes de l’accusé recevaient des ordres des autorités de la République centrafricaine (RCA). Il a indiqué que les troupes congolaises étaient venues dans le pays en conflit à bord d’un ferry appartenant à la SOCATRAF, la société de transport centrafricaine.

Lors de leur arrivée à Bangui, le ministre de la défense de M. Patassé avait rencontré les troupes, dont certains soldats portaient des vêtements civils. Les autorités locales avaient ensuite fourni aux troupes étrangères des uniformes des FACA, des rangers, des munitions, des véhicules et des équipements de télécommunication.

Le témoin a déclaré que les troupes congolaises recevaient une indemnité journalière de 2 500 francs centrafricains, le même montant que les soldats des FACA.

Il a témoigné que les autorités centrafricaines avaient fourni aux combattants de M. Bemba des appareils de communication par satellite Thuraya pour faciliter leurs opérations réalisées au delà du Point Kilomètre 12, une banlieue de Bangui, alors qu’ils avançaient vers les villes de Damara et Boali. Ferdinand Bombayake, un général centrafricain, avait personnellement transmis les appareils qui, selon le témoin, avaient la même fréquence que ceux utilisés par les FACA.

Interrogé par l’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba pour savoir pourquoi les troupes congolaises avaient reçu des téléphones Thuraya, le témoin a déclaré que c’était pour éviter que les communications ne soient interceptées par les rebelles de M. Bozizé. Les rebelles tentaient de renverser M. Patassé qui avait par conséquent demandé l’aide du MLC.

« Lorsque M. Bozizé était parti, il avait conservé la fréquence radio. Aussi les forces rebelles et les forces de la RCA avaient la même fréquence. C’est pourquoi les rebelles avaient atteint Bangui si rapidement. Les troupes de M. Bozizé savaient quand des communications étaient transmises », a-t’il expliqué.

« Savez-vous comment le MLC présent en RCA est parvenu à rassembler des informations sur les effectifs, les armes, les positions des forces rebelles, etc ? », a demandé M. Kilolo-Musamba.

« Les informations provenaient du CCOP », a répondu le témoin, faisant référence au Centre de commandement des opérations, dirigé par les commandants de M. Patassé qui menaient la campagne contre les insurgés. Le témoin a indiqué que l’organisation des forces loyalistes et les ordres opérationnels étaient coordonnés dans ce centre.

Le ‘‘témoin D04-07’’ a affirmé que les troupes congolaises étaient arrivées à Bangui quatre ou cinq jours après la tentative de coup d’état du 25 octobre 2002 menée par M. Bozizé.

Il a déclaré que les chefs des FACA commandaient les opérations conjointes avec les troupes du MLC. Ces opérations conjointes, qui étaient coordonnées par le CCOP, se sont poursuivies jusqu’à la chute de M. Patassé en mars 2003. Il a nié les allégations de l’accusation selon lesquelles les combattants de M. Bemba étaient venus en RCA avec leurs propres équipements de communication.

L’ancien agent du renseignement a également raconté les atrocités commises par les rebelles de M. Bozizé pendant qu’ils occupaient Bangui avant l’arrivée du MLC. Il a indiqué qu’au sein des rebelles figuraient des enfants dont certains d’entre eux avaient 10 ans. Les rebelles étaient « incontrôlables » et sans moyens de se réapprovisionner et c’est pourquoi ils avaient vécu aux dépens de la population.

« Ils étaient agressifs. Ils menaçaient les gens. Ils volaient les biens. Ils ont violé des femmes », a-t-il indiqué. Il a ajouté que quiconque tentait de les arrêter était abattu.

 

1 Commentaire
  1. Cette affaire a ete tres mal monte, par l’ancien procureur de la CPI, il croyait lui et ses complices finir avec l’enfant de Dieu, qui est Jean Pierre Bemba Gombo. Or, Dieu ne laisse jamais ses enfants. Voila maintenant, comment les temoins affirment leurs versions des faits. Ca prouve deja que le President du MLC n’a pas coordonnes les operations avec ses troupes pendant leurs presence en RCA. Jusque la nous ne sommes qu’au temoin numero 5. Que diront alors les autres temoins? Je rends grace au Seigneur, car il est bon. Cet homme retrouveras sa liberte et il va ensuite rentrer dans son pays pour continuer sa lutte pour la liberation totale de son pays. La verite finiras par triompher.


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