Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Qui commandait les forces de Jean-Pierre Bemba déployées lors du conflit armé de 2002-2003 en République centrafricaine (RCA) ? Cette question a été au centre de la déposition des deux témoins de la défense qui ont témoigné cette semaine au procès de M. Bemba qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI). Les deux témoins ont déclaré que c’était les généraux centrafricains, et non M. Bemba, qui commandaient les troupes. Les procureurs et les avocats des victimes ont exprimé leur désaccord.

La question de la responsabilité de commandement est au cœur du procès de M. Bemba, le chef d’opposition congolais de 49 ans dont le procès a débuté en novembre 2010. Les procureurs soutiennent que M. Bemba a, en réalité, agit en tant que commandant militaire du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) et qu’il exerçait une autorité et un contrôle effectifs sur ses troupes qui auraient commis les crimes de viol, de meurtre et de pillage en République centrafricaine (RCA). Les procureurs affirment de plus que bien que l’accusé savait que ses troupes perpétraient ces crimes, il n’avait pas pris « toutes les mesures nécessaires et raisonnables qui étaient en son pouvoir pour empêcher ou réprimer leur commission ».

En conséquence, l’accusation et la défense ont fourni de gros efforts pour prouver si M. Bemba exerçait le commandement et le contrôle de ses troupes déployées lors du conflit centrafricain. Cette semaine, le ‘‘témoin D04-51’’ et le ‘‘témoin D04-64’’ ont témoigné que l’accusé ne commandait pas ses troupes stationnées dans ce pays. Les témoins, tous deux fonctionnaires du gouvernement d’Ange-Félix Patassé, le défunt président de la RCA, ont indiqué que les généraux locaux commandaient les soldats étrangers.

Le ‘‘témoin D04-64’’ a affirmé que lors d’une visite dans le pays en conflit, M. Bemba a déclaré à ses troupes qu’elles étaient sous le commandement des autorités centrafricaines. « Il leur a dit de respecter M. Bombayake comme lui-même », a indiqué le témoin. Ferdinand Bombayake était le commandant de la garde présidentielle de M. Patassé; qui soutenait le combat contre l’insurrection.

Lors de l’interrogatoire mené par Assingambi Zarambaud, un avocat des victimes, le témoin a déclaré que c’était parce que le président Patassé avait « confiance » en le général Bombayake qu’il avait placé les troupes du MLC sous son commandement. « Á cette époque, le président ne faisait pas confiance au chef d’état-major des FACA (Forces Armées Centrafricaines) », a déclaré le témoin.

La rébellion contre M. Patassé était menée par le chef d’état-major révoqué des FACA, François Bozizé, qui avait fait défection avec quelques soldats de l’armée nationale. Le ‘‘témoin D04-51’’ a décrit l’arrivée du MLC ainsi que l’aide logistique fournie à ce dernier par les autorités centrafricaines, tels que des uniformes, des appareils de communication, des armes, des véhicules et des indemnités.

M. Zarambaud a demandé au témoin si le MLC aurait été en mesure d’utiliser son propre équipement pour communiquer avec son quartier général congolais situé à Gbadolite ou s’il aurait été nécessaire que les responsables centrafricains changent leurs fréquences.

« Oui », a répondu le témoin. Il a poursuivi, « Il aurait été impossible que les communications passent. Si vous emmenez un poste de radio de l’autre côté [de la frontière], le signal ne passe pas ».

Le procès avait entendu précédemment que M. Bemba possédait un centre de communication situé à quelques mètres de sa résidence de Gbadolite, qui se trouve à quelques kilomètres au sud de la frontière centrafricaine depuis laquelle les opérateurs auraient reçu des rapports journaliers sur les opérations effectuées en RCA.

Entretemps, le ‘‘témoin D04-51’’ a déclaré que le président Patassé faisait partie de la structure de commandement régissant les troupes de M. Bemba. Ses ordres auraient été transmis par le biais du général Bombayake. Il a indiqué que les ordres du général Bombayake aux troupes étrangères étaient donnés au chef du contingent congolais, le colonel Mustafa Mukiza, après consultation du président Patassé. Le témoin a indiqué que M. Patassé suivait toutes les opérations du MLC réalisées sur le terrain par le biais d’un système de communication implanté dans sa résidence.

« C’est le général Bombayake qui décidait », a précisé le témoin qui a décrit le général comme étant le « bras droit » de M. Patassé.

Confronté à une rébellion en octobre 2002, M. Patassé avait demandé l’aide des troupes de M. Bemba qui, à l’époque, constituaient une force rebelle en République démocratique du Congo.

M. Bemba nie toute responsabilité pour les crimes que les troupes auraient commis, arguant que, une fois qu’elles avaient été déployées en RCA, elles étaient passées sous le commandement de M. Patassé.

Entretemps, le ‘‘témoin D04-51’’ a également déclaré que les soldats centrafricains avaient dirigé les troupes congolaises dans les opérations contre les insurgés. « Elles nous ont suivi. Elles ne connaissaient pas le terrain. Ce sont nos soldats qui leur ont montré le chemin ».

Il a indiqué que la coordination des mouvements et des opérations entre le MLC et ses homologues centrafricains était effectuée par le biais de radios. « Nous utilisions la même fréquence radio », a déclaré le témoin.

Le ‘‘témoin D04-57’’ a affirmé que les troupes congolaises n’opéraient pas indépendamment de l’armée locale lors des opérations contre les forces rebelles. Il a déclaré que toutes les opérations menées contre les rebelles étaient « conjointes » et que parce que les soldats du MLC ne connaissaient pas le terrain, les soldats locaux montraient le chemin. Le témoin a indiqué que certains soldats centrafricains servaient de chauffeurs aux troupes congolaises.

Le témoin a également indiqué que tous les ordres destinés à faire avancer les troupes étaient émis par le Centre de commandement des opérations (CCO) qui coordonnait toutes les opérations militaires contre les insurgés. Ces ordres étaient donnés via une radio sur une fréquence partagée entre les troupes locales et les troupes étrangères.

La déposition de ce témoin contredit celle donnée par l’ancien chef du CCOP, le colonel Thierry Lengbe. Ayant témoigné pour l’accusation en novembre dernier, il a déclaré que les forces de l’accusé et l’armée locale n’avait conduit qu’une seule opération conjointe.

Le ‘‘témoin D04-51’’ a témoigné que les troupes congolaises n’étaient pas arrivées dans le pays avant le 30 octobre 2002, contestant les dates d’arrivée antérieures données par certains témoins de l’accusation. Plus tard, il a déclaré avoir entendu à la station radio locale Ndeke Luka que des crimes, tels que des viols, des meurtres et des pillages étaient commis par les rebelles menés par le général Bozizé ainsi que par des combattants du MLC. Il a ajouté que, toutefois, du fait de la confusion qui régnait pendant les combats, il était difficile de dire qui avait commis ces crimes.

Le ‘‘témoin D04-51’’ a également affirmé que, le 25 octobre 2002, les rebelles de M. Bozizé avaient pillé sa maison et tué son frère. Il a également déclaré avoir été bouleversé lorsqu’il avait entendu à la radio que les soldats du MLC commettaient des atrocités. « Comment pouvaient-ils violer nos sœurs ? Cela m’a choqué et cela m’a mis en colère aussi », a-t’il indiqué.

Le procès se poursuivra lundi 29 octobre avec le témoignage d’un nouveau témoin de la défense.

 

1 Commentaire
  1. pourquoi les juges de la cpi n’ont jamais convoque feu le president patasse ni meme le general bombayeke?????en outre il est de notoriete publique qu’un regime confronte a une guerre et qui demande l’aide des troupes etrangeres ces dernieres passent sous l’autorite des responsables du regime.alors comment la cour nie cet evidence si ce n’est par mauvaise foi et stupidite manisfeste?vraiment pathetique.


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