Le procès de

Jean-Pierre Bemba Gombo

L’accusé

Pour son deuxième jour de témoignage, l’ancien membre de la milice dirigée par Jean-Pierre Bemba a déclaré que, dès que le chef d’opposition congolais avait eu connaissance d’allégations concernant la conduite répréhensible de ses troupes en République centrafricaine (RCA), il avait contacté les autorités de ce pays et demandé une enquête.

Selon le ‘‘témoin D04-15’’, les autorités centrafricaines avaient répondu en invitant les officiers du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) à se joindre à elles afin de mener des enquêtes.

« M. Bemba a fait connaître les allégations de crimes aux autorités centrafricaines qui ont demandé à ce que des officiers du MLC se joignent à elles pour enquêter. Un officier du MLC a été envoyé et il s’est joint aux autorités de la RCA dans la conduite des enquêtes sur les allégations », a indiqué le témoin.

Lors du contre-interrogatoire mené par l’avocat de l’accusation Eric Iverson, le témoin a affirmé que M. Bemba et les autres membres du haut commandement du MLC qui résidaient à Gbadolite – la ville congolaise dans lequel était situé son quartier général – avaient d’abord entendu des comptes-rendus des crimes présumés du MLC à Radio France International (RFI).

La suite de l’interrogatoire sur cette question, notamment les résultats de l’enquête, a été effectuée à huis clos. Le témoin, qui se présente devant la Cour pénale internationale (CPI) via un lien vidéo depuis un pays africain dont le nom n’a pas été divulgué, s’est vu accordé des mesures de protection afin de protéger son identité.

Hier, le ‘‘témoin D04-15’’ a déclaré que lorsque les troupes congolaises avaient été déployées dans le pays voisin entre octobre 2002 et mars 2003, elles étaient passées sous le commandement des autorités centrafricaines. Cette situation permettait une coordination conjointe des opérations militaires des troupes de M. Bemba et d’autres forces qui aidaient le président en exercice du pays, Ange-Félix Patassé, à écarter une tentative de coup d’état.

M. Bemba nie les affirmations de l’accusation selon lesquelles ses forces auraient commis des meurtres, des viols et des pillages puis qu’il ne les aurait pas disciplinés bien qu’il ait su qu’elles perpétraient ces crimes. Il a soutenu que, une fois que ses troupes avaient quitté le territoire congolais, elles n’étaient plus sous son commandement mais sous celui de M. Patassé.

Dans son témoignage d’aujourd’hui également, le ‘‘témoin D04-15’’a indiqué que lors de leur déploiement dans le pays en conflit, les soldats du MLC avaient été approvisionnés par les autorités centrafricaines et non depuis le quartier général de la milice.

M. Iverson a présenté au témoin des registres de vol indiquant que jusqu’à 74 voyages de l’avion appartenant au MLC entre le Congo et l’aéroport de Bangui pendant les cinq mois de conflit.

Interrogé par M. Iverson pour connaître la raison de ce grand nombre de vols, par rapport aux 38 vols effectués lors des huit mois précédant le déploiement des troupes, le témoin a répondu que les vols apportaient du carburant ainsi que d’autres approvisionnements et transportaient des officiers du MLC et leurs épouses.

« Á cause du conflit, le MLC a augmenté le nombre de ses vols vers Bangui pour apporter plus de carburant à Gbadolite”, a expliqué le témoin.

Le témoin a répété qu’aucun approvisionnement militaire n’avait été transporté depuis le Congo aux troupes du groupe présentes dans le pays voisin.

Le contre-interrogatoire du ‘‘témoin D04-15’’ par l’accusation se poursuivra demain matin.