Le procès de

Jean-Pierre Bemba Gombo

L’accusé

Jean-Pierre Bemba, le chef de l’opposition congolaise jugé devant la Cour pénale internationale (CPI), a été désigné par son parti comme candidat pour les élections présidentielles de la République démocratique du Congo, prévues fin novembre.

Au moment où les élections se tiendront, M. Bemba, 48 ans, devrait toujours être jugé devant le tribunal basé à La Haye. Il est probable qu’il présentera sa défense dans son procès pour crimes de guerre au début de l’année prochaine et la date la plus proche à laquelle les juges pourraient annoncer le verdict est prévue au mieux dans une année.

Pendant le week-end, le Mouvement pour la libération du Congo (MLC), le parti que M. Bemba a fondé, a annoncé qu’il serait son candidat pour des élections pour lesquelles le président en exercice Joseph Kabila se présentera pour sa réélection. Dans sa déclaration, le MLC a indiqué avoir décidé de présenter M. Bemba, qui en sera à son deuxième essai à la présidence via les urnes.

En 2006, M. Bemba et M. Kabila s’étaient retrouvés au second tour des présidentielles, s’étant dégagés comme les favoris lors du premier tour. Finalement, M. Kabila – qui avait accédé à la présidence en janvier 2001 à la suite du meurtre de son père, Laurent Kabila – était sorti victorieux de ces élections. M. Bemba avait mené par la suite l’opposition au parlement, mais après des affrontements meurtriers qui avaient eu lieu entre des soldats fidèles aux deux protagonistes, il avait fui en Belgique en 2007.

En mai 2008, les autorités belges avaient arrêté M. Bemba et l’avaient remis à la CPI devant laquelle il est actuellement jugé pour crimes de guerre. Les procureurs de la CPI affirment que M. Bemba assistait aux pillages, aux meurtres et aux viols de civils commis par ses 1500 soldats du MLC qu’il commandait en République centrafricaine (RCA) en 2002 et 2003. À l’époque, le MLC était un groupe rebelle tentant de renverser le gouvernement de M. Kabila.

Thomas Luhaka, le secrétaire général du MLC, a déclaré à l’agence de presse Bloomberg le 22 juillet que « M. Bemba a annoncé aujourd’hui dans une lettre lue lors d’une conférence du parti qu’il se proposait comme candidat. Nous sommes d’accord, mais nous devons résoudre les problèmes pratiques ».

Des médias ont publié une lettre de M. Bemba, qui a été lue lors de la conférence du parti, dans laquelle il déclarait que sa candidature pour l’élection présidentielle « sera, si toutefois vous l’agréez, une candidature pour une victoire certaine ». Selon l’agence de presse AFP, M. Bemba a ajouté, « Je voudrais vous assurer que ma volonté de servir le Congo est intacte. Soyez rassurés, je ne baisserai pas les bras. Je ne crains pas la justice des hommes, seule la justice de Dieu m’importe ».

À la fin de la conférence du parti, les délégués ont confirmé la candidature de M. Bemba, qui est détenu au centre de détention depuis le 3 juillet 2008. Il est accusé de deux crimes contre l’humanité (viol et meurtre) et de trois crimes de guerre (viol, meurtre et pillage).

Selon les procureurs, M. Bemba était le président et le commandant en chef du MLC. Ils affirment qu’il « avait en réalité agit en tant que commandant et exerçait une autorité et un contrôle effectifs sur les troupes du MLC » qui avaient commis des crimes en RCA. En outre, les procureurs soutiennent que M. Bemba savait que ses troupes commettaient des crimes et qu’il « n’avait pas pris toutes les mesures nécessaires et raisonnables qui étaient en son pouvoir pour empêcher ou réprimer leur commission ».

Reuters a indiqué que l’on ne savait pas si M. Bemba serait libéré étant donné son procès en cours, les analystes nationaux considèrent que sa candidature par le MLC est une probable tentative du parti de renforcer son poids dans des pourparlers pour une possible alliance anti-Kabila avec les autres partis. « Le MLC essaye d’augmenter sa visibilité avant l’élection… Il souhaite être dépeint comme une force qui puisse permettre à l’opposition de gagner », a indiqué à l’agence Philippe Biyoya, un professeur de politique à l’Université de Kinshasa..

Les audiences du procès Bemba qui se déroule devant la CPI doivent reprendre le mois prochain.