Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Un témoin, que l’accusation avait décrit comme étant particulièrement important et comme devant apporter un témoignage inédit devant la Cour, a débuté aujourd’hui sa déposition au procès pour crimes de guerre de l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba.

Avant la comparution du témoin, le juge président Sylvia Steiner a déclaré que ce dernier témoignerait uniquement à huis clos. Elle a indiqué que, au lieu d’exposer l’identité du témoin au public, les juges avaient décidé de trouver un compromis entre leur devoir de respecter le principe de publicité pour les travaux de la Cour et leur obligation de protéger les témoins et victimes en ordonnant aux procureurs de publier une version expurgée du témoignage du ‘‘témoin 169’’.

Les juges ont incité les procureurs à collaborer avec l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU) de la Cour afin de reformuler la transcription du témoignage dès que le témoin aura conclut sa déposition. La version éditée sera rendue publique après l’accord des juges.

Plus tôt dans la journée, les parties du procès ont débattu de l’opportunité de débuter la déposition du témoin aujourd’hui, après que les procureurs aient demandé aux juges de leur permettre d’interroger le ‘‘témoin 169’’ sur une durée plus importante que celle qu’ils avaient indiqué auparavant. En réponse, la défense a demandé à interroger le témoin pendant 12 heures et non 8 heures, tel que proposé précédemment.

Le juge Steiner a expliqué que le dernier jour d’audience de la Cour avant les vacances judiciaires d’été, qui débutent le 15 juillet, devrait être le 12 juillet, puisque les juges doivent assister à une session plénière et traiter des questions administratives avant de prendre leurs vacances d’été. S’il n’était pas possible d’entendre le témoignage du ‘‘témoin 169’’ d’ici le 12 juillet, les parties du procès devraient choisir entre le fait d’entendre une partie du témoignage avant les vacances et le reste après que la Cour ait repris les audiences début août ou le fait d’entendre l’ensemble de son témoignage après les vacances d’été.

« Il s’agit d’un témoin qui est important pour nous. Il donnera à la Cour des informations que les autres témoins n’ont pas porté à la connaissance de ce tribunal », a expliqué l’avocat de l’accusation Jean-Jacques Badibanga. « C’est pour cette raison que nous avons demandé une prolongation du délai, étant donné que nous estimons que nous aurons besoin de plus de temps pour être en mesure de traiter en détail les documents et les preuves que ce témoin fournira à cette chambre ».

Les procureurs se sont opposés à entendre une partie du témoignage du ‘‘témoin 169’’ avant les vacances et le reste après la reprise du procès. Ils ont indiqué que le témoin éprouverait de grandes difficultés à revenir devant la Cour après les vacances étant donné sa situation personnelle.

Mr. Badibanga a déclaré que bien que l’accusation soit ouverte à l’idée d’entendre la totalité du témoignage du ‘‘témoin 169’’ avant les vacances, « la difficulté avec cette proposition provient du fait que le témoin se rendra compte que, même si nous agissons de manière professionnelle… nous serons quelque peu pressés lors de cet interrogatoire ».

Marie-Edith Douzima-Lawson, un des représentants légaux des victimes participant au procès, a affirmé qu’il est probable qu’il y ait des difficultés si le témoin apporte une partie de son témoignage avant les vacances et le reste lorsque la Cour se réunira à nouveau. Elle a ajouté que le fait de rappeler le témoin serait susceptible de nuire à la procédure.

Les juges ont décidé qu’il est impossible que le témoignage donné par le témoin soit suspendu pendant un mois puisque cette situation le laisserait à La Haye « sans liberté de circulation ou contact avec les membres de sa famille ».

En conséquence, les juges ont rejeté la demande des procureurs d’interroger le témoin sur une durée supérieure à 8 heures, demande que ces derniers avaient faite au début du procès, et ils ont également décidé que les deux représentants légaux se verraient attribuer une heure de celles qui leur étaient accordées. La défense interrogera le témoin pendant 10 heures et non pendant les 12 heures demandées par les avocats cette semaine, ce qui représente toutefois une amélioration par rapport aux 8 heures qu’ils avaient suggérées dans un premier temps.

Le « témoin 169 » poursuivra sa déposition lundi.


Contact