Dans son témoignage final, le 30ème témoin à charge comparaissant au procès de Jean-Pierre Bemba a déclaré qu’il était peu probable que l’accusé ait briefé ses troupes avant leur déploiement en République centrafricaine (RCA) puisqu’il les avait avisé que quiconque se trouverait dans la zone de combat devrait être considéré comme un « ennemi ».
Les procureurs affirment que, avant leur déploiement, M Bemba avait déclaré à ses combattants : « Ce n’est pas notre pays. Dans ce pays, il n’y a pas de parents, de grands frères ou de grandes sœurs. Lorsque vous y serez, ce que je vous demande de faire c’est de considérer comme ennemi toute personne croisée dans les zones de combat ».
Lors du contre-interrogatoire, l’avocat de la défense Nkwebe Liriss a demandé au ‘‘témoin 65’’ s’il savait qu’une telle déclaration avait été faite.
Le témoin a répondu, « Pour autant que je sache, les troupes ont avancé vers Bangui en plusieurs étapes. Nous avons dû informer tous les commandants opérationnels de toute visite du président afin de prendre les mesures de sécurité nécessaires. Par conséquent, si une telle réunion avait eu lieu, la base en aurait été informée. »
Le témoin a nié avoir eu connaissance de telles informations qui auraient été données par M. Bemba et son ancien second, le colonel Dieudonné Amuli, aux troupes stationnées dans la ville de Zongo avant qu’ils n’avancent sur Bangui, la capitale centrafricaine. Ce témoin a comparu avec des mesures de protection telles que la déformation numérique de la voix et du visage.
Selon l’accusation, les présumées informations que M. Bemba aurait donné à ses troupes les avaient encouragées à agresser les civils. En tant que commandant en chef, il est tenu responsable de ces actes de violence, qui auraient compris des meurtres, des viols et des pillages. Il a nié tous les chefs d’accusation retenus contre lui.
Ancien membre de la milice de M. Bemba, le ‘‘témoin 65’’ a affirmé aujourd’hui que les seules informations de nature générale au sujet des troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) déployées en RCA avaient été transmises à l’accusé par ses commandants présents dans ce pays.
Selon les déclarations du ‘‘témoin 65’’ faites aux enquêteurs de la Cour pénale internationale (CPI), dont des extraits ont été lus devant la Cour par l’avocat de la défense, le général Mustafa Mukiza qui commandait les troupes congolaises déployées lors de la campagne centrafricaine n’avait « informé la base [le quartier général] que de nouvelles d’ordre général ». Ces dernières comprenaient le nombre de soldats ennemis et de soldats du MLC tués ou blessés, les prisonniers capturés, l’état de l’équipement et le moral des officiers.
« Quel était l’objectif des nouvelles d’ordre général ? », a demandé M. Nkwebe.
« Très souvent, tous les commandants des unités restaient en contact avec le quartier général et envoyait une copie [du message] au président Bemba pour information », a répondu le témoin.
Les messages du général Mustafa lus devant la Cour dataient de novembre 2002 à janvier 2003. Le général Mustafa commandait les troupes du MLC déployées dans le pays voisin pour aider son président en exercice, Ange-Félix Patassé, à combattre des insurgés qui luttaient pour l’évincer.
Il reste actuellement dix témoins à comparaître avant que la présentation des moyens de preuve à charge ne se termine.
Il n’y aura pas d’audiences la semaine prochaine. Les audiences reprendront lundi 17 octobre.