Aujourd’hui, un homme, qui a eu une jambe amputée après avoir été blessé par balle par des soldats congolais déchaînés qui ont également abattu sa mère, a expliqué aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) qui siègent dans l’affaire Jean-Pierre Bemba les difficultés auxquelles il faisait face.
« Je suis handicapé et je ne trouve pas de travail. Je n’arrive pas à payer mon loyer et j’ai des difficultés à garder la prothèse que je porte », a déclaré Francis Félicien Vouloube De Mbioka.
M. Vouloube a débuté sa comparution devant la Cour ce matin, devenant la troisième et dernière victime à présenter ses vues et préoccupations au procès cette semaine via un lien vidéo depuis Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA). Témoignant sans mesures de protection, il a été guidé dans sa présentation par son avocat Assingambi Zarambaud.
Il a affirmé que les forces rebelles de François Bozizé étaient arrivées à Bangui le 25 octobre 2002, l’incitant à fuir de son bar. Á la suite d’une émission de radio du gouvernement d’Ange-Félix Patassé informant les citoyens que les rebelles avaient été repoussés, il était revenu dans son bar quatre jours plus tard.
« Tout était resté intact. Aucun objet dans mon bar n’avait été emporté », a-t-il rappelé.
Peu de temps après, les troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) étaient arrivés dans le quartier et avaient installé une base. Cinq soldats s’étaient approchés du bar et l’un d’entre eux avait tiré sur lui.
« Il voulait me tuer mais heureusement la balle a touché ma jambe », a indiqué M. Vouloube. Pendant qu’il se cachait derrière le comptoir, les soldats avaient mis à sac le bar et s’étaient servis de l’alcool « en chantant et criant joyeusement ». Lorsque la mère de la victime avait hurlé après les soldats, les blâmant de leur comportement de voyous, ils l’avaient abattu.
« Ils lui ont tiré dessus par deux fois », a témoigné M. Vouloube.
Il a déclaré que le corps de sa mère était demeuré sur le sol jusqu’au jour suivant. Entretemps, un bon samaritain avait aidé M. Vouloube à se rendre à l’hôpital où les médecins avaient décidé qu’il devait être amputé de sa jambe.
Plus tôt dans la journée, la victime a/0394/08 s’était présentée devant la Cour, relatant comment les soldats avait pillé sa maison. « La maison n’avait plus de portes et de fenêtres », a-t-il indiqué.
Les crimes présumés subis par M. Vouloube, la victime a/0394/08 et la victime a/0542/08 qui a comparu hier ne feront pas partie des preuves retenues contre M. Bemba qui est accusé de manquement à punir ou à contrôler ses troupes déchaînées déployées lors du conflit armé centrafricain qui a eu lieu en 2002 et 2003. Les forces étaient présentes dans le pays afin d’aider M. Patassé qui était confronté à une rébellion menée par le président Bozizé.
Les trois victimes n’ont pas fait leurs déclarations sous serment et n’ont été interrogés ni par l’accusation ni par la défense. Au début du mois de mai, deux victimes avaient cependant témoigné sous serment et ces témoignages avaient été inclus dans les preuves retenues à l’encontre de l’accusé. Ils ont été interrogés par l’accusation et par la défense.
Avant de lever la séance pour l’après-midi, le juge président Sylvia Steiner a annoncé que les audiences reprendront à la « mi-août » lorsque la défense débutera la présentation de ses éléments.