Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Octave Dioba, l’expert en géopolitique qui a témoigné pour la défense de Jean-Pierre Bemba la semaine dernière, a conclu aujourd’hui sa déposition dans le procès qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI).

L’expert a affirmé que la responsabilité politique et stratégique pour les actes de violence perpétrés à l’encontre des civils n’incombait pas à l’accusé. Si les troupes que M. Bemba avaient placées à la « disposition » des dirigeants du pays voisin avaient vraiment commis les crimes, la responsabilité en incombait à ces autorités.

« M. Bemba n’était pas membre du commandement militaire suprême de la RCA [République centrafricaine]. Il ne peut être tenu responsable des actes de violence. Le commandement militaire centrafricain était en grande partie responsable de l’aspect opérationnel des troupes », a déclaré l’expert.

M. Dioba est le deuxième témoin appelé par la défense de M. Bemba, qui nie les cinq chefs d’accusation retenus à son encontre. Il est accusé de manquement à arrêter ou à punir ses soldats qui auraient tué, violé et pillé la population civile lors de leur déploiement dans un conflit armé en RCA. Les troupes avaient été invitées dans le pays par le président de l’époque, Ange-Félix Patassé, qui était confronté à une insurrection armée.

Un spécialiste des affaires stratégiques et de géopolitique africaine, M. Dioba, a indiqué que l’intervention du MLC était « légitime » puisque l’accord de Lusaka l’avait reconnu comme étant une partie intégrante des militaires nationaux congolais.

En outre, c’était dans l’intérêt de la sécurité nationale du Congo et pour l’exécution du pacte d’assistance mutuelle signé entre les membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) que le MLC avait répondu à la demande d’aide du gouvernement dirigé par M. Patassé.

Selon l’expert, les troupes congolaises avaient suivi les ordres du chef d’état-major de l’armée centrafricaine et de ses adjoints lors de leur déploiement qui avait duré cinq mois.

L’expert a fondé ses conclusions sur différentes sources notamment de la documentation, des documents fournis par la défense et des interviews de témoins clés.

Lorsque l’avocat des victimes Assingambi Zarambaud lui a demandé aujourd’hui s’il avait examiné des documents officiels demandant aux troupes de M. Bemba d’intervenir dans le conflit, l’expert a répondu par la négative. Il a affirmé que ce n’était que des sources orales qui lui avaient révélé l’existence d’une demande « diplomatique de haut niveau » effectuée par téléphone de la part de M. Patassé à l’accusé. Les identités de ces sources ont été divulguées à huis clos.

M. Dioba a également déclaré qu’il ne savait pas si la constitution nationale centrafricaine avait prévu l’intervention de forces étrangères ou si M. Patassé avait obtenu une autorisation parlementaire pour inviter les troupes congolaises.

« Le président Patassé a utilisé sa prérogative et le MLC a utilisé des dispositions politiques prévues par l’accord de Lusaka », a déclaré l’expert.

Les audiences se poursuivront demain matin avec le témoignage d‘un nouveau témoin se présentant sous le pseudonyme de ‘‘témoin 60’’.

 


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