Une enquête menée par un expert militaire a conclu que les forces rebelles dirigées par François Bozizé avaient commis des atrocités sur les civils lors de leur progression pour prendre le pouvoir en République centrafricaine (RCA).
« J’ai remarqué dans les documents que j’ai analysés et dans les interviews conduites que les personnes subissaient des pressions pour rester loyales aux forces rebelles et pour coopérer dans la mesure du possible avec ces forces que cela leur plaise ou non », a déclaré aujourd’hui l’expert, le général Jacques Seara.
Témoignant au procès de Jean-Pierre Bemba qui se déroule devant la Cour pénale internationale (CPI) pour le troisième jour, l’expert a déclaré que les rebelles de M. Bozizé ne possédaient que du carburant et des munitions et que, par conséquent, « ils vivaient aux dépens des gens et certains actes de violence étaient commis ».
Les rebelles de M. Bozizé avaient pris le pouvoir au président Ange-Félix Patassé en mars 2003. Ses combattants comprenaient des soldats qui avaient fait défection à M. Patassé ainsi que des soldats tchadiens. L’expert a indiqué qu’il n’y avait aucune discipline au sein des combattants de M. Bozizé et qu’il était difficile de les garder sous contrôle.
« Les tchadiens étaient des volontaires ou des mercenaires sans formation militaire mais capables de manier des armes », a déclaré le général. Il a ajouté que, d’après le témoignage de soldats centrafricains qui avaient combattu avec M. Bozizé et qui avaient été commandés par ce dernier, les tchadiens « avaient un sentiment d’indépendance ».
M. Bemba a nié les charges de manquement à contrôler ses soldats qui auraient perpétré des viols, des meurtres et pillages généralisés. Son affaire est entendue par les juges Sylvia Steiner (juge président), Kuniko Ozaki et Joyce Aluoch. Ses troupes avaient participé au conflit de la RCA afin de soutenir M. Patassé.
Le général Seara a déclaré que la plupart des civils avaient fui les zones occupées par les rebelles. Ceux qui étaient restés pour protéger leurs biens, « n’avaient pas une expérience positive » des rebelles et étaient capables de les identifier facilement comme les auteurs de crimes car ils étaient en grande majorité tchadiens, « portaient ce qu’ils voulaient » et parlaient une langue étrangère.
L’expert a déclaré que les rebelles de M. Bozizé avaient commis des actes de violence lors de leur progression depuis le Tchad jusqu’à la capitale centrafricaine Bangui, lors de leur retraite après la défaite de Bangui et lors de leur prise de pouvoir finale.
M. Bemba nie que ce soit ses troupes qui aient commis les atrocités, suggérant que n’importe lequel des autres groupes armés participant au conflit pouvait les avoir commises. De plus, il a soutenu que, une fois que ses troupes avaient quitté le Congo, il n’exerçait plus le commandement sur elles.
Dans son rapport à la Cour, qu’il a rédigé à la demande de la défense, le général Seara a conclut qu’il n’était pas possible que l’accusé ait commandé ses troupes à distance. Cet après-midi, l’expert a réaffirmé que M. Bemba avait d’autres question plus urgentes en RDC à l’époque, qui exigeait plus son attention que les évènements en RCA.
« Nous devons savoir que M. Bemba avait d’autres préoccupations en dehors de celles de la RCA. Il avait d’autres brigades au Congo pour des questions plus immédiates d’ordre politiques », a déclaré le général. Il a expliqué qu’il était important de ne pas confondre le rôle de M. Bemba joué dans son pays en tant que commandant en chef du MLC avec le rôle qu’il a joué en mettant à la disposition de M. Patassé certaines de ses troupes.
Á l’époque de leur intervention dans le pays voisin, le MLC était un groupe rebelle luttant pour renverser le gouvernement congolais.
Les audiences du procès se poursuivront demain matin, avec le contre-interrogatoire du général Seara par l’accusation.