Le procès de Jean-Pierre Bemba a entendu aujourd’hui que l’armée de la République centrafricaine (RCA) commandait des opérations conjointes avec les troupes de la milice menée par l’accusé.
Lors du contre-interrogatoire mené par l’accusation, un ancien officier du renseignement de l’armée centrafricaine a déclaré que ces opérations conjointes avaient continué jusqu’à la chute du président Ange-Félix Patassé en mars 2003.
L’ancien officier témoigne dans le procès pour crimes de guerre de M. Bemba qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI) sous le pseudonyme de ‘‘témoin D04-07’’. Il a indiqué que les autorités centrafricaines avaient fourni des équipements de communication aux troupes congolaises et que les opérations conjointes étaient coordonnées par le Centre de commandement des opérations (CCOP).
M. Bemba a soutenu que ses soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) déployés lors du conflit de 2002 et 2003 n’étaient pas sous son commandement mais sous celui de M. Patassé qui les avait invités à l’aider à combattre une insurrection.
M. Bemba est accusé de trois chefs de crimes de guerre (viol, meurtre et pillage) et de deux chefs de crimes contre l’humanité (viol et meurtre). Les procureurs soutiennent qu’il n’a ni contrôlé ni puni ses troupes qui ont commis des actes de violence sur des civils.
Le ‘‘témoin D04-07’’ a témoigné que lorsque les forces de M. Bemba avaient rejoint le conflit, elles avaient été intégrées aux Forces armées centrafricaines (FACA) dont les chefs avaient fourni aux forces étrangères des uniformes des FACA, des rangers, des munitions, des véhicules et des équipements de communication.
Cet après-midi, l’avocat de l’accusation Petra Kneur a demandé au témoin s’il savait que les combattants de l’accusé étaient venus de la République démocratique du Congo avec leurs propres appareils de communication.
« Non », a répondu le témoin qui a bénéficié d’une déformation numérique de son visage et de son image ainsi que de séances à huis clos afin de ne pas divulguer son identité. Il a soutenu que les troupes congolaises et les forces des FACA communiquaient sur la même fréquence radio.
Il a cité une opération conjointe destinée à conduire les rebelles menés par François Bozizé hors de la ville de Damara qui a eu lieu le 20 novembre 2002. Le témoin a déclaré que cette mission avait été dirigée par le général Ferdinand Bombayake des FACA, assisté du général Mustafa Mukiza, le commandant du contingent du MLC.
Cette déclaration semble contredire le témoignage du colonel Thierry Lengbe, qui a indiqué aux juges en novembre dernier que les troupes de M. Bemba opéraient de manière indépendante de l’armée centrafricaine. Témoignant pour l’accusation, le colonel, qui à l’époque des évènements travaillait au CCOP, a déclaré, « Il n’y avait eu qu’une seule opération le 27 [octobre 2002] pour repousser les hommes de M. Bozizé au-delà du PK 13. Il n’y a pas eu d’autre opération commune ».
Le colonel Lengbe a affirmé que l’équipement radio utilisé par les FACA ne pouvait pas communiquer avec celui que les combattants de M. Bemba avaient emmené avec eux dans le pays en conflit.
Entretemps, dans des extraits d’un journal des communications présenté par Mme Kneur devant la Cour cet après-midi, le général Mukiza a été cité déclarant que ses troupes avaient été « abandonnées » par les autorités centrafricaines et qu’il n’y avait aucune coordination entre eux et les autres forces loyalistes. De plus, il y avait un manque d’équipements de communication pour faciliter la coordination des opérations. Les communications, adressées au chef d’état major du MLC à son quartier général au Congo, étaient datées du 30 octobre 2002.
« Je ne sais pas quoi répondre à cela », a rétorqué le témoin lorsqu’on lui a demandé de commenter le journal.
Le ‘‘témoin D04-07’’ poursuivra son témoignage le lundi 24 septembre à 9h du matin.
Entre le 30 octobre 2002 et le 20 novembre 2002. Le temps était trop long pour permettre de combler le déficit de communication entre le MLC et FACA .
Cette déclaration démontre plus la soumission des troupes du MLC à Patasse que le contraire . Etant donné que si les troupes du MLC avaient une autonomie d’action en RCA sans contrôle aucune , son commandant n’allait jamais se plaindre au CCOP !!! <>
« Je ne sais pas quoi répondre à cela », a rétorqué le témoin lorsqu’on lui a demandé de commenter le journal.