Aujourd’hui, lors du contre-interrogatoire mené par la défense de Jean-Pierre Bemba, le premier témoin à se présenter à la barre pour l’accusation dans le procès pour crimes de guerre de l’ancien vice-président congolais a affirmé que les soldats de la République centrafricaine (RCA) n’avaient jamais commis d’atrocités contre les civils pendant que les troupes de M. Bemba étaient dans le pays.
La défense a cherché à établir si le témoin était certain que les militaires qui avaient violé et tué des civils, et qui avaient commis de nombreux actes de pillage, appartenaient réellement au Mouvement pour la libération du Congo (MLC) que M. Bemba a dirigé.
L’avocat de la défense Peter Haynes a demandé au ‘‘témoin 38’’ si l’armée de la RCA avait collaboré avec les combattants du MLC lorsqu’ils étaient dans le pays.
« Dire qu’ils ont coopéré signifie que l’armée de la RCA était impliquée dans les vols et les viols. Pour autant que je sache, non. L’armée de la RCA était presque réduite à néant, privée de toute autorité », a répondu le témoin.
Plus tôt dans la semaine, le témoin avait déclaré à la Cour qu’il avait organisé une résistance contre les combattants du MLC après que ces derniers aient commis des crimes de viol, de meurtre et de pillage en 2002 et 2003 dans de nombreuses banlieues de Bangui, la capitale de la RCA.
Á l’époque où les crimes auraient été commis, les troupes du MLC étaient présentes en RCA pour soutenir le président en exercice, Ange-Félix Patassé, contre une tentative de coup d’état menée par des rebelles dirigés par François Bozizé que M. Patassé aurait révoqué du poste de chef d’état-major de l’armée. Bien que M. Bemba n’ait pas été présent sur le sol centrafricain avec ses troupes, il est jugé devant la Cour puisque les procureurs soutiennent qu’il porte la responsabilité de ne pas avoir empêché ces exactions ou puni les soldats ayant commis ces crimes.
Lorsque M. Haynes a demandé au témoin d’indiquer sur une carte les lieux où les troupes de M. Bozizé étaient stationnées avant que le MLC ne se rende à Bangui, le témoin a répondu que les soldats étaient mobiles et que par conséquent il ne pouvait montrer aucun endroit particulier. Le témoin a affirmé que les soldats sous commandement de M. Bozizé n’avaient commis aucune atrocité contre les civils. M. Bozizé est l’actuel président de la RCA.
M. Haynes a ensuite demandé au témoin s’il n’avait pas entendu les troupes de M. Bozizé déclarer qu’elles étaient prêtes à « prendre le pays par le sang » en faisant référence à leur tentative d’évincer le président Patassé par la force.
Le témoin a répondu : « Je n’étais pas en contact avec les rebelles de M. Bozizé. Quant aux rebelles de M. Bemba, je vous ai clairement indiqué que j’avais des contacts avec certains d’entre eux ».
M. Bemba, âgé de 48 ans, est détenu à la Cour pénale internationale (CPI) depuis juillet 2008. Son procès, le troisième à se dérouler devant la Cour, a débuté lundi dernier.
Le contre-interrogatoire de la défense se poursuivra demain.