Selon un témoignage entendu aujourd’hui, les troupes de Jean-Pierre Bemba déployées en République centrafricaine (RCA) sont intervenues conjointement avec l’armée de ce pays.
« Elles ont été réunies aux troupes des FACA [Forces armées centrafricaines] », a déclaré le ‘‘témoin D04-45’’ lorsqu’il témoignait sur les opérations du 28ème bataillon du Mouvement pour la libération du Congo (MLC). Le témoin a débuté mercredi sa déposition au cours du procès qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI) au moyen d’un lien vidéo depuis la capitale congolaise Kinshasa.
Lors de l’interrogatoire mené par l’avocat de la défense Peter Haynes, il a déclaré que lorsque le bataillon s’était rendu dans le pays en conflit, il était basé à l’origine au camp Beyale à compter du 28 octobre 2002 avant que les opérations contre les rebelles ne débutent deux jours plus tard. Ces opérations ont vu les troupes du MLC progresser avec les FACA vers la banlieue Point Kilomètre 12 (PK 12) située près de la capitale Bangui, où les rebelles avaient établi leur quartier général.
« Nous avons pu les en chasser. Mais l’ennemi avait passé pas mal de temps au PK 12 », a indiqué le témoin qui témoignait avec une déformation numérique de la voix et du visage afin de protéger son identité.
Le témoin a déclaré que les civils présents dans la zone avaient raconté que les rebelles avaient commis des actes de violence mais il n’a pas précisé en séance publique de quels actes il s’agissait. Le ‘‘témoin D04-45’’ a indiqué qu’il n’y avait aucun problème entre les soldats du MLC et les résidents du PK 12. Il a précisé que les interactions entre les soldats congolais et les habitants locaux avaient été facilitées par les soldats locaux.
Le témoin a relaté la visite de M. Bemba au PK 12 qui avait duré 10 minutes environ. L’objet de la visite était « d’adresser un message de félicitations » au président Ange-Félix Patassé pour avoir chassé les rebelles de la ville. Les troupes de M. Bemba étaient présentes dans ce pays pour aider M. Patassé à combattre une insurrection armée.
Le ‘‘témoin D04-45’’ a indiqué que M. Bemba, qui était accompagné au PK 12 par des hauts fonctionnaires du gouvernement centrafricains, « nous a déclaré de rester motivés, de garder un bon moral et que nous étions sous le commandement de ces autres forces (FACA) ».
M. Bemba est jugé devant la CPI pour manquement présumé à contenir ses soldats qui ont commis des actes de violence sur des civils centrafricains. Il a nié les charges, arguant que, une fois que ses soldats étaient entrés en RCA, ils étaient passés sous le commandement de M. Patassé. Il a également soutenu que n’importe laquelle des nombreuses forces armées participant au conflit de 2002-2003 pouvait en avoir été l’auteur.
Le ‘‘témoin D04-45’’ a également affirmé que les troupes de M. Bemba utilisaient des équipements de communication fournis par les autorités centrafricaines. « Lorsque l’unité a traversé la frontière, elle n’avait aucun appareil de communication. C’est le colonel Thierry de l’état major centrafricain qui a donné les équipements de communication », a-t’il déclaré.
Thierry Lengbe dirigeait le Centre de commandement des opérations (CCO) qui coordonnait l’ensemble des opérations militaires menées contre les insurgés. Le témoin a indiqué que les appareils étaient utilisés pour coordonner les opérations par le biais d’un réseau géré par des opérateurs radio centrafricains.
La déposition du ‘‘témoin D04-45’’ contredit celle du colonel Lengbe qui a témoigné pour l’accusation en novembre 2011. Il a indiqué que les troupes congolaises opéraient indépendamment des FACA, à l’exception d’une opération commune qui s’est déroulée le 27 octobre 2002 dans la banlieue PK 13.
Le colonel Lengbe a, de plus, déclaré que le MLC avait emmené son équipement de communication dans le pays voisin. Cet équipement radio, d’après lui, ne pouvait pas communiquer avec celui des FACA.
Le procès se poursuivra lundi 18 mars avec le contre-interrogatoire du ‘‘témoin D04-45’’.
