Aujourd’hui, un témoin a déclaré que lors du conflit de 2002-2003 qui a eu lieu en République centrafricaine (RCA), l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba « déléguait » le commandement et le contrôle de ses troupes aux autorités de ce pays.
Témoignant sous le pseudonyme de ‘‘témoin D04-39’’, le témoin a affirmé que la décision de déléguer avait été prise car il aurait été difficile pour M. Bemba d’obtenir des renseignements depuis le champ de bataille et de réagir dans les meilleurs délais.
Hormis les forces du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) dirigé par l’accusé, de nombreux autres groupes étaient engagés dans les opérations militaires. Le témoin a indiqué que, par conséquent, il aurait été difficile pour M. Bemba, qui était dans la République démocratique du Congo voisine, de maintenir le commandement et le contrôle.
Le ‘‘témoin D04-39’’ est un ancien membre du groupe que l’accusé dirigeait. Il témoigne au procès de M. Bemba qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI) via un lien vidéo.
Les procureurs de la CPI affirment que M. Bemba porte la responsabilité de commandement pour les viols, meurtres et pillages perpétrés par ses troupes qui figuraient parmi les forces soutenant la campagne de l’ancien président centrafricain Ange-Félix Patassé contre une insurrection armée.
« Est-ce que le MLC avait les moyens de rassembler et de traiter des renseignements militaires lors des opérations en cours en RCA ? », a demandé l’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba.
« Oui, il avait les moyens », a répondu le témoin. « Nous avions des officiers qui étaient capables et bien formés pour recueillir des éléments. Quand à la possibilité de faire la même chose en RCA, la réponse est négative ». Il a expliqué que M. Bemba n’avait envoyé aucun officier du renseignement dans le pays voisin, toute l’intelligence étant gérée par les autorités centrafricaines.
Le témoin a affirmé que lors de leur arrivée dans le pays en conflit, les troupes congolaises avaient reçu des uniformes militaires centrafricains et avaient été intégrées à l’armée nationale. Elles avaient reçu un soutien logistique de la part des autorités du pays puisqu’il était difficile pour le MLC de fournir ces unités depuis son quartier géréral au Congo, étant donné la distance et les moyens limités.
Les autres forces étrangères impliquées dans le conflit comprenaient des soldats libyens et des troupes issues de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD), destinées à soutenir les forces de M. Patassé ainsi que les tchadiens qui avaient combattus avec les insurgés menés par François Bozizé. De plus, plusieurs milices ethniques locales et de nombreuses unités de l’armée étaient en activité lors du conflit. Ce dernier a nié les cinq chefs d’accusation retenus contre lui.
Le ‘‘témoin D04-39’’ poursuivra son témoignage demain matin.