Un ancien proche de Jean-Pierre Bemba a rejeté les allégations des procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) selon lesquelles l’accusé de crimes de guerre possédait un téléphone par satellite qu’il avait utilisé pour donner des ordres à ses troupes.
« Je ne l’ai jamais vu avec un Thuraya [téléphone par satellite] et je n’ai jamais communiqué avec lui par ce biais », a indiqué le ‘‘témoin D04-15’’.
Il a déclaré qu’il ne communiquait avec M. Bemba que par le biais de talkies-walkies dans les environs du quartier général du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) dans la ville congolaise de Gbadolite. Le témoin répondait aux questions que lui posait l’avocat Eric Iverson.
Un certain nombre de témoin à charge avaient précédemment indiqué que M. Bemba possédait dans sa résidence un téléphone par satellite Thuraya qu’il utilisait pour communiquer des ordres à ses commandants sur le terrain, y compris en République centrafricaine (RCA). Les autres équipements de communications qui auraient été à sa disposition comprenaient des talkies-walkies et des téléphones mobiles.
Le général Daniel Opande, un expert militaire appelé par l’accusation en décembre 2011, a affirmé qu’il avait des « moyens certains » de donner des ordres directs à ses troupes depuis chez lui et en RCA pour les empêcher de commettre des atrocités.
M. Bemba, un ancien vice-président de la République démocratique du Congo, est jugé pour les atrocités que ses soldats auraient commises lorsqu’ils étaient déployés lors du conflit centrafricain. Durant le conflit, M. Bemba est resté à Gbadolite mais les procureurs affirment qu’il avait conservé le commandement effectif des troupes. Ils soutiennent également qu’il savait que ses combattants commettaient des atrocités mais qu’il ne les avait ni punis ni arrêtés. Il nie les accusations.
On ignore à quel poste le ‘‘témoin D04-15’’ a occupé au sein du MLC. Le témoin a donné sa déposition à distance via un lien vidéo avec une déformation numérique de la voix et du visage pour protéger son identité. L’essentiel de ce témoignage s’est déroulé à huis clos.
Depuis le début de son témoignage mercredi, le ‘‘témoin D04-15’’ a déclaré que les troupes du MLC qui avaient été déployées dans le conflit en 2002 et 2003 étaient passées sous le commandement des autorités de ce pays. Il a également indiqué que M. Bemba était une figure politique du groupe et non pas un soldat bien entraîné, et que par conséquent, il était incapable de commander et de contrôler ses soldats.
Entretemps, lors de l’interrogatoire mené par l’avocat des victimes Marie-Edith Douzima-Lawson, le témoin a précisé que, une fois que les troupes du MLC avaient quitté le territoire congolais, M. Bemba n’avait conservé qu’un suivi administratif, recevant régulièrement des informations sur leur état physique, leur moral et les blessés.
Les audiences du procès devraient se poursuivre le 23 septembre 2013, avec la déposition d’un nouveau témoin de la défense.