Le témoignage de Pamphile Oradimo, le doyen des juges d’instruction de Bangui, en République centrafricaine (RCA), qui a mené une instruction sur les personnes responsables des crimes commis dans le pays pendant le conflit de 2002-2003 s’est poursuivi aujourd’hui dans le cadre du procès de l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba.
Lors du contre-interrogatoire mené par l’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba, M. Oradimo, qui témoignait pour la deuxième semaine, a confirmé les déclarations qui lui avaient été faites par des responsables militaires centrafricains à l’époque où il avait mené son enquête.
Dans ces déclarations, dont M. Kilolo-Musamba a lu des extraits, M. Oradimo a demandé au général Ferdinand Bombayake, qui avait dirigé la garde présidentielle de l’ancien président Ange-Félix Patassé, de quelles autorités militaires dépendaient les différentes forces armées qui prenaient part au conflit.
« Les Banyamulenge [soldats congolais] opéraient sous le commandement du sous-chef d’état-major, le général Mazzi, ainsi que sous celui du colonel Lengebe. Seules ces deux personnes ont pu vous donner des détails sur les mesures concrètes qui ont été mises en œuvre », est-il indiqué dans la déclaration du général Bombayake.
Le général Bombayake a également indiqué que les forces dirigées par Koumatamadji Martin, alias Abdoulaye Miskine, un ressortissant tchadien, « rendaient des comptes directement au chef de l’État ». Il a précisé que les troupes libyennes qui combattaient aux côtés des forces loyalistes de M. Patassé rendaient également des comptes au chef de l’État. Un certain nombre de témoins à charge ont déclaré que les troupes de M. Miskine avaient commis des crimes, notamment des meurtres, à Bangui, bien qu’ils aient indiqué que la plupart des crimes avaient été commis par les forces de M. Bemba
Selon la déclaration d’un autre responsable militaire, les Banyamulenge étaient ensuite passés sous le commandement direct de M. Bombayake. Le général Mazzi, le chef d’état-major de l’époque, a déclaré que le colonel Lengebe avait fait défection aux forces rebelles de François Bozizé et que, dès lors, toutes les opérations des [Banyamulenge] à Bangui et dans les provinces avaient été organisées et dirigées par le général Bombayake ».
La déclaration de l’assistant de M. Bombayake a également été lue en audience aujourd’hui. L’assistant a affirmé que la coordination des opérations entre les Banyamulenge et les membres de la garde présidentielle de M. Patassé était sous la responsabilité de M. Bombayake et d’un « représentant de M. Bemba ». L’assistant de Bombayake a ajouté qu’ils étaient sous la supervision du ministre de la défense.
M. Bemba, en tant que commandant en chef du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), est jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) pour manquement à arrêter ou punir ses soldats alors qu’ils se seraient livrés à des viols, des pillages et des meurtres sur des civils en RCA. Le MLC était présent dans le pays pour aider M. Patassé à combattre une tentative de coup d’état menée par son chef d’état-major révoqué, M. Bozizé. M. Bemba a nié toutes les charges retenues à son encontre, soutenant que, une fois que ses troupes avaient quitté le Congo, elles n’étaient plus sous son commandement.
La défense poursuivra le contre-interrogatoire de M. Oradimo demain matin.