Un nouveau témoin à charge du procès de l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI) a déclaré aujourd’hui que seules les troupes appartenant au groupe dirigé par l’accusé étaient présentes dans la ville centrafricaine de Damara à l’époque où elle avait été pillée.
Au début de la déposition de cette matinée, le ‘‘témoin 209’’ a décrit les pillages à grande échelle qu’il a indiqué avoir été menés par le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) à Damara entre décembre 2002 et février 2003. « Différents biens ont été pillés. Des vêtements, de la literie, ils ont également pris des motos et des générateurs électriques …Ils ont complètement vidé ma maison ».
Mardi, le ‘‘témoin 209’’ s’était vu accordé par les juges de la CPI des mesures de protection afin de protéger son identité et celles des victimes de violence sexuelle qu’il pourrait mentionner pendant son témoignage. Il a témoigné avec une déformation de la voix et du visage et a utilisé un pseudonyme. De plus, il a apporté une partie de sa déposition à huis clos.
Lors de son interrogatoire mené par l’avocat de l’accusation Massimo Scaliotti, le témoin a affirmé en séance publique que les pillages du MLC avaient eu lieu dans les quartiers résidentiels de Damara. « C’est là qu’ils ont repris des forces et c’est là qu’ils ont perpétré leurs pillages.
Les procureurs de la CPI accusent M. Bemba, 48 ans, de manquement à arrêter ou punir ses troupes alors qu’elles violaient, tuaient et pillaient des civils en République centrafricaine (RCA). Il a été allégué dans l’exposé introductif de l’accusation en novembre dernier que les crimes commis n’étaient pas ‘‘mineurs’’, étaient ‘‘généralisés’’ et s’étaient produits dans toutes les zones où les troupes du MLC étaient déployées, notamment Damara.
M. Bemba a nié l’ensemble des cinq charges retenues à son encontre et a non seulement soutenu qu’il n’avait pas le contrôle effectif de ses troupes lorsqu’elles étaient présentes en RCA mais a également affirmé que n’importe lequel des groupes armés en activité dans le pays durant le conflit de 2002-2003 pouvaient avoir commis les crimes présumés.
Pendant ce conflit, le président de la RCA de l’époque Ange-Félix Patassé a fait face à un coup d’État militaire mené par le président actuel François Bozizé, ce qui l’a poussé à faire appel au MLC et aux troupes de la Communauté des États Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) soutenue par la Libye pour l’aider à lutter contre cette insurrection.
M. Scaliotti a demandé au ‘‘témoin 209’’ si les troupes libyennes avaient apporté leur soutien au MLC ou si elles étaient présentes à Damara.
« Il n’y avait pas de troupes libyennes à Damara », a répondu le témoin. Il a affirmé que pendant l’occupation de Damara par le MLC, il n’y avait pas d’autre groupe armé dans les alentours. « Les premiers soldats à occuper Damara appartenaient aux troupes du général Bozizé. Entre le 7 décembre 2002 et le mois de février 2003, il n’y avait pas d’autres troupes [hormis le MLC] », a déclaré le témoin.
Le procès se poursuivra demain matin avec la déposition du ‘‘témoin 209’’.