Le témoin a déclaré aujourd’hui que le chef du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba, avait rencontré l’ancien président centrafricain Ange-Félix Patassé lors de plusieurs visites effectuées dans ce pays.
L’ancien membre de la milice de M. Bemba, qui a conclu son témoignage cet après-midi, n’a pas fourni de détails sur ces rencontres en séance publique, puisque l’essentiel de son contre-interrogatoire s’est déroulé à huis clos.
Le ‘‘témoin 213’’de l’accusation s’est présenté à la barre pour la première fois lundi dernier dans le cadre du procès Bemba qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI). Il a indiqué à la Cour que l’accusé, un ancien vice-président congolais, commandait ses troupes engagées dans le violent conflit qui ravageait la République centrafricaine (RCA) voisine en 2002 et 2003 depuis sa résidence congolaise.
En outre, le témoin a déclaré que l’accusé avait effectué des voyages sur le front et avait exprimé sa solidarité avec ses troupes que les procureurs accusent d’avoir, à l’époque, commis des crimes de guerre.
Selon le témoin, les réunions avaient eu lieu au Point Kilomètre 12 (PK 12), une banlieue de la capitale centrafricaine Bangui, au Point Kilomètre 22 ainsi que dans les villes de Bossembele et Mongoumba. Cet après-midi, le témoin a affirmé que pour ces visites, l’accusé atterrissait à l’aéroport de Bangui puis se rendait à la résidence de M. Patassé avant d’aller sur le terrain.
« Il se rendait à la résidence de M. Patassé et ils discutaient dans la maison », a indiqué le ‘‘témoin 213’’ qui était contre-interrogé par l’avocat de la défense Peter Haynes. Le témoin a déclaré que, à chaque visite, M. Bemba « restait environ 30 minute » dans la résidence de M. Patassé.
Confronté à une tentative de coup d’état, M. Patassé avait invité le MLC à l’aider à combattre les insurgés. M. Bemba est jugé pour manquement présumé à contenir ses soldats que les procureurs accusent d’avoir commis des actes de violence sur des civils centrafricains. Il a nié les charges, soutenant que, une fois que ses troupes avaient quitté le territoire congolais, elles étaient sous le commandement de M. Patassé et que c’est l’ancien président qui devrait être jugé pour les viols, les meurtres et les pillages de masse que les procureurs indiquent avoir été perpétrés par ces troupes.
M. Patassé est décédé au mois d’avril de cette année avant que la les procureurs de la CPI n’aient finalisé leurs enquêtes sur les personnes pouvant être jugées pour crimes de guerre et pour crimes contre l’humanité en rapport avec ce conflit.
La majorité des témoins de ce procès, qui a débuté en novembre dernier, se sont présentés à la barre avec des pseudonymes. De plus, leurs visages ont été protégés de la vue du public et ils ont été engagés à ne pas mentionner certains détails, tels que leurs métiers, leurs lieux de travail ainsi que le nom de leurs collègues ou membres de leur famille. Cela tient au fait que l’on redoute que si leurs identités étaient rendues publiques, ils pourraient subir des représailles de la part de certains membres du public pour avoir témoigné à ce procès.
Les audiences du procès se poursuivront lundi prochain avec le témoignage d‘un nouveau témoin se présentant sous le pseudonyme de ‘‘témoin 69’’.