Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, un ancien soldat des forces armées de la République centrafricaine (RCA) a attribué les crimes commis à l’encontre des civils lors du conflit armé de 2002-2003 aux rebelles menés par le général François Bozizé.

« Le général Bozizé et ses soldats étaient responsables de la paralysie des quartiers nord de Bangui », a déclaré le ‘‘témoin D04-02’’, qui témoignait en faveur de Jean-Pierre Bemba devant la Cour pénale internationale (CPI). Ce témoin, qui a débuté sa déposition dans le procès pour crimes de guerre de M. Bemba ce matin, a indiqué n’avoir connaissance d’aucun crime commis par les troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) dirigé par l’accusé.

Il a déclaré que les rebelles de M. Bozizé perpétraient des meurtres, des viols et des pillages. « Ils prenaient des véhicules, des appareils domestiques, les portes d’entrée étaient forcées et les personnes étaient tuées. Tout le monde le savait », a-t-il indiqué. De plus, « des destructions massives avaient également eu lieu » les jours suivants la prise du pouvoir par les rebelles le 15 mars 2003.

Le témoin a affirmé que bien qu’il n’ait pas assisté à ces crimes, il avait vu des cadavres, dont certains de civils et d’autres de soldats, dans toute la ville, et avait entendu des récits de citoyens sur des viols et des pillages.

Le ‘‘témoin D04-02’’ apporte sa déposition via un lien vidéo depuis un lieu situé en Afrique dont le nom n’a pas été divulgué. Les juges lui ont accordé des mesures de protection, notamment la déformation numérique de la voix et du visage lors des transmissions publiques de son témoignage. Les audiences ont été fréquemment tenues à huis clos afin de protéger son identité.

M. Bemba est jugé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité découlant de son manquement présumé à contrôler ses troupes que les procureurs accusent d’avoir commis des actes de violence sur des civils lorsqu’elles étaient déployées lors du conflit en RCA. Il a nié les charges, soutenant que les soldats pillards n’appartenaient pas à son groupe et qu’il n’avait pas les moyens de commander des troupes déployées dans le pays voisin alors qu’il était demeuré au Congo. Le MLC a été déployé dans le conflit à la demande du président de l’époque Ange-Félix Patassé pour l’aider à combattre l’insurrection menée par M. Bozizé.

Entretemps, le ‘‘témoin D04-02’’ a déclaré que les troupes congolaises étaient arrivées dans le pays le 29 octobre 2002 et étaient basées au Camp Beyale, la base navale nationale. Il a indiqué que, à la suite de leur arrivée, les troupes de M. Bemba avaient reçu des uniformes et autres nécessités, dont des appareils de communication de la part des autorités du pays, « exactement comme les soldats de la RCA ». Il a affirmé que les opérations communes au MLC et aux forces armées centrafricaines destinées à expulser les rebelles de M. Bozizé de Bangui avaient commencé le 30 octobre.

Les opérations communes étaient coordonnées par le biais de talkies-walkies. Le ‘‘témoin D04-02’’ a cependant déclaré que lorsque les forces avaient progressé au-delà de Bangui, les talkies-walkies avaient été remplacés par des téléphones satellites Thuraya.

« Au-delà du PK 12 (une banlieue de Bangui), le talkie-walkie ne captait plus ou le signal était faible. Aussi, au fur et à mesure de leur progression, ils ont eu besoin de Thurayas pour mieux communiquer », a-t’il indiqué. Le témoin a rappelé que les communications étaient coordonnées par le centre de commandement d’opérations (CCOP) qui était commandé par des généraux centrafricains.

Le ‘‘témoin D04-02’’ poursuivra son témoignage demain matin.

 

 


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