Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, le témoin a déclaré que des soldats congolais appartenant au Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba l’avaient violée collectivement une semaine après qu’elle ait accouché.

Elle a indiqué que les quatre hommes qui l’avaient violée dans une banlieue de la République centrafricaine (RCA) étaient commandants dans la milice. Elle a donné leur nom à huis clos. Le ‘‘témoin 81’’ a bénéficié de mesures de protection, notamment de l’utilisation d’un pseudonyme ainsi que d’une déformation numérique de la voix et du visage afin de ne pas dévoiler son identité.

Le septième témoin à charge du procès de l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) a également déclaré que les soldats du MLC étaient les seuls soldats présents dans les environs à la date de son viol.

Elle a raconté que deux groupes de soldats du MLC avaient attaqué sa maison le jour où elle avait été violée. Le premier groupe avait pris des biens et de l’argent. Mais c’était le second groupe qui l’avait violée. Elle a indiqué que lorsque le second groupe de cinq soldats était arrivé, elle était chez elle avec son mari, son nouveau-né, sa mère et sa sœur.

« J’allais préparer du thé », s’est remémoré le témoin. « Lorsqu’ils sont arrivés, mon mari a pris le bébé. Ils ont dit qu’ils voulaient une femme et mon mari a indiqué que j’étais sa femme mais que je venais d accoucher et ils ont répondu que ce n’était pas un problème. Ils ont dit qu’ils voulaient juste une femme et que j’étais une femme ».

« Combien d’entre eux ont couché avec vous ? », a demandé l’avocat Thomas Bifwoli.

Le ‘‘témoin 81’’ a répondu : « Il y avait cinq hommes et quatre d’entre eux ont couché avec moi. Le cinquième voulait le faire mais parce que je saignais, il n’a pas continué ». Elle a indiqué que les soldats l’avaient violée l’un après l’autre. Pendant que chaque soldat la violait, les autres regardaient.

« Je n’ai pas donné mon consentement. J’avais accouché une semaine avant qu’ils ne me violent », a-telle déclaré.

« Que ressentiez-vous tandis que ces Banyamulenge [soldats congolais] vous violaient ? », a interrogé M. Bifwoli.

« Mon bassin me faisait mal à cause des lésions de l’accouchement », a précisé le témoin.

Elle a raconté que le jour suivant le viol, son mari avait rassemblé tous leurs enfants et avait fui avec eux. « Il a dit qu’il souhaitait partir et ne jamais revenir », a-t-elle indiqué. Il n’a jamais donné la raison de son départ et n’est jamais revenu.

Marie-Edith Douzima-Lawson, un des représentants légaux des victimes participant au procès, a demandé au ‘‘témoin 81’’ ce que les soldats avaient fait lorsqu’il les avait supplié de ne pas la violer. Elle a répliqué qu’ils l’avaient menacé de le violer également s’il continuait à protester. Il était ensuite sorti de la maison.

Á l’époque où M. Bemba avait envoyé ses troupes en RCA, il était le chef d’un groupe rebelle qui tentait de renverser le président congolais Joseph Kabila. Á la suite de la signature d’un accord de paix en juillet 2003, M. Bemba était devenu l’un des quatre vice-présidents de la RDC, avant de se présenter trois ans plus tard aux élections présidentielles qu’il avait perdu contre M. Kabila.

Les crimes pour lesquels il est jugé auraient été commis entre le 26 octobre 2002 et le 15 mars 2003. Les procureurs affirment que M. Bemba est pénalement responsable de deux crimes contre l’humanité (meurtre et viol) et de trois crimes de guerre (meurtre, viol et pillage) découlant de son manquement à contrôler ses soldats qui avaient commis des saccages lors de leur séjour en RCA.

Le témoin a également parlé des viols et pillages généralisés commis par les soldats du MLC dans la banlieue PK 12. « Ils violaient, volaient, dérobaient des animaux et si les gens tentaient de résister, ils les frappaient ».

La défense poursuivra le contre-interrogatoire du ‘‘témoin 81’’ demain matin.


Contact