Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Lundi, un témoin a déclaré que les crimes commis par les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) sur les civils centrafricains avaient diminué lorsque le chef de la milice, Jean-Pierre Bemba, avait visité la capitale du pays Bangui et s’était adressé à ses troupes.

Avant qu’il ne parle à ses troupes, les chefs locaux de Bangui avaient présenté un mémorandum à M. Bemba, dans lequel ils l’informaient que ses soldats tuaient des civils et commettaient des viols en masse.

Le ‘‘témoin 23’’, qui a commencé sa déposition vendredi dernier, a raconté aujourd’hui la visite de M. Bemba dans son quartier en novembre 2002. Il a indiqué que M. Bemba avait atterri en hélicoptère dans une cour d’école puis avait utilisé une voiture présidentielle centrafricaine pour se rendre au quartier général de ses troupes. Le témoin a ajouté que M. Bemba s’était ensuite adressé à ses soldats dans une maternité.

Lors de ce rassemblement, auquel participait également la population civile locale, M. Bemba, vêtu d’habits militaires, s’était adressé à ses troupes en lingala, une langue congolaise. Le témoin a ajouté qu’il s’était également adressé à la population locale en français mais il n’a pas indiqué ce que M. Bemba avait dit à ces personnes.

« Savez-vous ce que M. Bemba a dit à ses troupes ? », a demandé l’avocat de l’accusation Thomas Bifwoli.

« Non, je ne parle pas lingala. S’il leur avait parlé en français, j’aurais un peu compris mais puisqu’il parlait lingala, comment pouvais-je le comprendre ? », a répondu le témoin.

Il a poursuivi : « Mais je sais qu’après avoir parlé à ses troupes, les agressions et la violence ont diminué. C’est ce que je peux vous dire mais concernant le contenu de son discours, je ne peux rien déclarer ».

Le témoin a également expliqué comment des gens de son quartier avaient choisi un représentant afin qu’il présente leurs griefs à M. Bemba. « Ce jour-là, nous avons choisi une personne pour qu’elle soit notre représentant et qui appartenait à notre quartier. Il devait nous représenter et il s’est rendu à la réunion pour lui transmettre nos doléances… Nous l’avons choisi pour qu’il parle des cas de vol, de viol mais aussi des meurtres qui avaient eu lieu, des nombreux sévices qui avaient été commis ainsi que des coups. »

Interrogé pour savoir si M. Bemba avait dit quelque chose après que le représentant du quartier soit venu présenter ses doléances, le témoin a répondu : « Il a dit qu’il s’occuperait de la question. Il allait réunir ses hommes et leur parler pour résoudre ce problème. C’est ce qu’il nous a dit pour nous rassurer ».

Le témoin a déclaré que les crimes commis par les soldats congolais n’avaient pas complètement cessé après la visite de M. Bemba mais qu’ils avaient en fait diminué. Il a indiqué que le vol de biens de valeur appartenant aux civils qui avaient quitté leur maison en soirée figurait parmi les crimes qui continuaient à être commis. Le témoin a indiqué qu’un certain niveau de violence et d’agression avait également perduré.

Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) affirment que M. Bemba exerçait une autorité et un contrôle effectifs sur les troupes du MLC qui auraient commis des crimes sur les civils centrafricains. Ils soutiennent que M. Bemba savait que ses troupes commettaient des crimes et qu’il n’avait pas pris « toutes les mesures nécessaires et raisonnables qui étaient en son pouvoir pour empêcher ou réprimer leur commission ». M. Bemba a plaidé non coupable pour l’ensemble des cinq chefs d’accusation auxquels il doit répondre.

Les troupes du MLC étaient présentes en RCA à la suite de l’invitation du président du pays en exercice, Ange-Félix Patassé, qui avait sollicité leur aide pour combattre une tentative de coup d’état. Á cette époque, le MLC était un groupe de rebelles combattant le gouvernement congolais.

Aujourd’hui, le ‘‘témoin 23’’ a déclaré à la Cour qu’un allié du président Patassé connu sous le nom de Abdoulaye Miskine avait également commis des atrocités dans les envions de Bangui. Avant l’arrivée du MLC dans le pays, M. Miskine dirigeait une unité spéciale de l’armée qui avait mené une campagne contre les soldats qui tentaient de renverser M. Patassé.

Le témoin a toutefois déclaré, qu’après que les troupes du MLC aient pénétré dans Bangui et dans sa banlieue, ces zones étaient devenues trop dangereuses pour s’y aventurer, même pour les gardes présidentiels centrafricains. Il a indiqué que le MLC avait tué des soldats centrafricains qui avaient tenté d’entrer dans ces zones et il a ajouté que les soldats centrafricains avaient combattu les troupes de M. Bemba lorsqu’elles avaient traversé la rivière Oubangui pour transporter des biens volés vers la République démocratique du Congo.

La défense devrait débuter son contre-interrogatoire du ‘‘témoin 23’’ mardi matin.


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