Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Le procès de Jean-Pierre Bemba pour crimes de guerre reprend aujourd’hui avec la comparution d’un nouveau témoin relatant comment les soldats de l’accusé l’avait violé, tué son frère et volé des biens dans sa maison de Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA).

Le ‘‘témoin 87’’ a déclaré que des soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba avaient attaqué sa maison en novembre 2002 et lui avaient demandé si des rebelles se cachaient dans sa maison. Après que les soldats aient obtenu une réponse négative, ils se sont saisis des meubles, de la télévision et des postes de radio et sont partis.

Deux heures plus tard, un autre groupe de quatre soldats congolais a attaqué la maison. Le témoin a déclaré que trois d’entre eux l’ont traîné hors de la maison et violé, l’un après l’autre. Elle a indiqué qu’aucun des violeurs ne portait de préservatifs.

Le juge président Sylvia Steiner a déclaré que des mesures de protection avaient été accordées à ce témoin, y compris la déformation numérique de la voix et du visage et l’utilisation d’un pseudonyme, et qu’elle donnera une partie de son témoignage à huis clos.

Le juge a ajouté que « en raison de la vulnérabilité particulière de ce témoin, évaluée par les psychologues », elle est accompagnée à La Haye par une personne destinée à le soutenir. Par ailleurs, les juges ont approuvé les suggestions faites par les psychologues de l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU) de la Cour pour qu’une personne ressource du VWU soit assise à côté du témoin dans la salle d’audience et qu’un psychologue soit présent afin de le surveiller.

Le juge Steiner a demandé aux parties de poser des questions courtes, simples et ouvertes et de ne pas poser de questions embarrassantes ou inutilement indiscrètes. Les représentants légaux des victimes participant au procès interrogeront ce témoin avant que la défense ne procède à son contre-interrogatoire.

Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) accusent M. Bemba d’être pénalement responsable de deux crimes contre l’humanité (meurtre et viol) et de trois crimes de guerre (meurtre, viol et pillage) qu’il aurait commis en RCA entre le 26 octobre 2002 et le 15 mars 2003. Cette responsabilité pénale présumée découle de son manquement à arrêter ou à punir ses soldats lorsqu’ils ont tué, violé et pillé.

M. Bemba a reconnu que les troupes de sa milice s’étaient rendues à cette période dans le pays voisin, la République centrafricaine, pour aider le président de l’époque, Ange-Félix Patassé, à écarter une tentative de coup d’état. Cependant, il a nié avoir commis les crimes dont il est accusé, arguant que, une fois que les troupes avaient quitté le territoire congolais, elles étaient sous le commandement de M. Patassé.

Dans son témoignage d’aujourd’hui, le ‘‘témoin 87’’ a déclaré que les soldats qui l’avaient violé et qui avaient pillé sa maison étaient congolais bien qu’ils portaient des uniformes similaires à ceux de la garde présidentielle de M. Patassé. La femme a précisé qu’ils parlaient lingala, une langue congolaise.

Le témoin a également déclaré à la Cour que des soldats congolais avaient tué son frère bien qu’elle n’ait pas précisé en séance publique pourquoi ils l’avaient tué.

Elle s’est remémoré, toutefois, que lorsque sa famille poussait une carriole transportant la dépouille de son frère vers une banlieue plus sûre de Bangui, ils avaient vu les soldats de M. Bemba poursuivre leur pillage. « Nous poussions le corps et les Banyamulenge [soldats du MLC] étaient des deux côtés de la route. Ils prenaient les chaussures des personnes qui en portaient », a indiqué le témoin.

Le ‘‘témoin 87’’ poursuivra son témoignage demain après-midi.


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