Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Un témoin qui apporte actuellement son témoignage lors du procès du chef de l’opposition congolais Jean-Pierre Bemba qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI) a déclaré aujourd’hui que son fils avait été agressé la semaine dernière par des inconnus. Toutefois, il n’a mentionné ni le lieu de l’agression ni l’éventuel mobile de cette agression en séance publique.

Vendredi dernier, le témoin avait affirmé que des soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), le groupe que M. Bemba a dirigé, l’avaient battu ainsi que son fils en novembre 2002. Les soldats avaient affirmé que son fils soutenait les rebelles qui tentaient de renverser le président de la République centrafricaine (RCA) de l’époque, Ange-Félix Patassé. Le témoin avait déclaré que les soldats de M. Bemba, qui étaient présents dans le pays pour défendre M. Patassé contre une tentative de coup d’état, avaient également violé sa fille de dix ans.

Lors de la reprise de son témoignage cet après-midi, le témoin a affirmé avoir eu un mauvais weekend car sa femme l’avait informé par téléphone que son fils avait été agressé. « Mon fils dont j’ai parlé ici a été agressé. Les agresseurs avaient utilisé une hache et l’enfant avait des blessures à la tête. Il a quatre blessures », a-t-il déclaré.

Interrogé par le juge Sylvia Steiner pour savoir s’il avait informé l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU) de la Cour, le témoin a répondu, « Mais je suis ici. Comment aurais-je pu faire part de cette information ? ». Puis il a ajouté, « C’est lorsque j’étais dans la salle d’attente que j’ai eu le téléphone et que j’ai pu appeler ma femme. Ce jour-là, ils [personnel du VWU] étaient présents et ont entendu cette information ».

Lorsque le juge Steiner a demandé au ‘‘témoin 42’’ quelle était le jour où il avait appris la nouvelle de l’agression de son fils, il a répondu qu’il s’agissait de vendredi dernier. Il a toutefois ajouté qu’il avait parlé à sa femme à la fois vendredi dernier et aujourd’hui. « Aujourd’hui même, avant de me présenter dans la salle d’audience, j’ai appelé ma femme qui m’a donné quelques nouvelles. Elle m’a également dit qu’elle avait obtenu un certificat médical qu’elle joindrait à la plainte formée auprès de nos tribunaux », a indiqué le témoin.

À ce stade du témoignage, le juge Steiner a prononcé la tenue de l’audience à huis clos. Lorsque l’audience a repris en séance publique, le juge a demandé au ‘‘témoin 42’’ s’il était prêt à poursuivre sa déposition. Le témoin a indiqué être prêt à continuer. Le juge Steiner a ensuite déclaré que le procès se poursuivait mais a avisé le témoin que s’il souhaitait parler à quelqu’un du VWU, il devrait en informer les juges et l’audience serait suspendue.

Le procès s’est poursuivi avec la description par le témoin des violences commises par les soldats du MLC sur les civils centrafricains et de la visite de M. Bemba dans la capitale du pays Bangui. À l’époque où les soldats du MLC avaient attaqué sa maison, le témoin vivait dans le PK 12, une banlieue de Bangui. Après une pause, le ‘‘témoin 42’’ a déclaré qu’il venait juste de parler à sa femme et à son fils, et que cela l’avait rassuré.

Le VWU a fourni des mesures de protection, des dispositifs de sécurité, des conseils ainsi que d’autres types d’assistance aux victimes qui pourraient courir un danger du fait de témoigner dans un procès de la CPI. Pour les procès en cours, le VWU a transféré certains témoins de leur village vers d’autres zones de leur pays ou les ont déplacés vers d’autres pays. L’unité propose également des conseils et un soutien psychologique aux victimes et aux témoins avant et pendant leur témoignage.

Une grande majorité des témoins se présentant au procès Bemba, comme dans les deux autres procès de la CPI, a bénéficié de mesures de protection, telles que la déformation numérique de la voix et du visage ainsi que l’utilisation d’un pseudonyme, afin de protéger leur identité. L’on craint que dans le cas où leur identité soit dévoilée, ces personnes ou leurs familles subissent des représailles. Ces témoins ont également apporté l’essentiel de leurs témoignages à huis clos et les noms de personnes, d’endroits et d’organisations qui pourraient permettre de découvrir leur identité ont été rarement mentionnés en séance publique.

Le procès reprendra demain matin avec l’interrogatoire du ‘‘témoin 42’’ par les représentants légaux des victimes.


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