Aujourd’hui, le procès de Jean-Pierre Bemba, qui est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, a entendu un témoin évoquer les brutalités que les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) avaient perpétrées sur les civils en République centrafricaine. Un nouveau témoin, portant le pseudonyme de ‘‘témoin 119’’, a décrit, entre autres, le viol collectif de deux jeunes filles par un groupe de soldats appartenant à la milice de M. Bemba.
Le ‘‘témoin 119’’, le quatorzième cité par l’accusation, a bénéficié de mesures de protection, notamment d’une déformation numérique de la voix et du visage, et a donné l’essentiel de sa déposition à huis clos.
Elle a indiqué à la Cour présidée par le juge Sylvia Steiner que lorsque les troupes du MLC étaient arrivées dans son quartier le 28 octobre 2002, les forces rebelles dirigées par François Bozizé avaient fui la zone.
Le témoin a raconté que l’après-midi où les soldats étaient arrivés, elle avait entendu une femme hurler. « Ils la traînaient, elle hurlait. Je ne sais pas quelles étaient leurs intentions. Allaient-ils la tuer ? Coucher avec elle ? Je ne sais pas ». La femme étaient portée par six soldats congolais – trois la tenaient par la tête et trois par les pieds.
Tandis que les autres soldats du MLC surveillaient les alentours, le ‘‘témoin 119’’ s’était approché d‘un soldat qu’elle supposait être le chef car il possédait un talkie-walkie. Le témoin n’a pas donné d’autres détails sur sa conversation avec le chef supposé en séance publique. Elle a toutefois déclaré qu’il avait ordonné la libération de la femme.
Lors d’un autre incident de la même journée, le témoin a déclaré que, alors qu’elle était assise au bord de la rivière, elle avait entendu des filles crier et appeler. Après des recherches, le témoin a indiqué avoir vu deux filles être violées par des soldats du MLC.
« Je les ai vu prendre les deux filles et ils ont mis la tête de l’une contre la tête de l’autre », a précisé le témoin. « Et après, j’ai vu une colonne de Banyamulenge [soldats du MLC] qui attendaient l’un derrière l’autre et deux d’entre eux étaient sur les filles en train de coucher avec elles ».
Le témoin a indiqué qu’il y avait beaucoup de soldats du MLC sur la berge avec les deux filles, ‘attendant leur tour’. Le témoin a déclaré que les deux filles saignaient. Elle a ajouté que les filles se débattaient et hurlaient, « Ils m’ont tuée. Je suis morte ». Le témoin a poursuivi sa déposition sur cet évènement à huis clos.
La Cour a également appris que les soldats du MLC stockaient les biens provenant des pillages au marché Boy-Rabe et que l’endroit était surveillé par des gardes armés.
M. Bemba, 48 ans, est jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) pour deux chefs de crimes contre l’humanité et trois chefs de crimes de guerre résultant de son supposé manquement à arrêter ou sanctionner ses troupes du MLC alors qu’elles commettaient des crimes contre la population civile en République centrafricaine (RCA) entre octobre 2002 et mars 2003. La milice privée de M. Bemba était présente en RCA à la demande du président de l’époque, Ange-Félix Patassé, qui était confronté à une rébellion menée par François Bozizé, un chef d’état-major révoqué.
Le ‘‘témoin 119’’ poursuivra son témoignage mardi matin.