Pour son troisième jour de témoignage, un expert linguiste a déclaré au procès de l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba que les combattants du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) auraient pu parler d’autres langues que le lingala.
Le lingala appartient au groupe des langues bantoues et est originaire de la République démocratique du Congo (RDC). De nombreux témoins de l’accusation ont déclaré que les soldats qui avaient commis les crimes en République centrafricaine (RCA) dans les années 2002 et 2003 parlaient lingala. Les témoins ont conclu que ces soldats étaient des membres du groupe de M. Bemba, essentiellement en se basant sur la langue parlée par les troupes.
Dans son témoignage d’aujourd’hui, le professeur William Samarin a affirmé que le RDC était le seul pays parmi ceux bordant la RCA où vivaient des populations de langue bantoue. Il a ajouté que bien qu’il y ait quelques groupes ethniques centrafricains parlant des langues de type bantou, ils ne pouvaient être confondus avec des ressortissants congolais car ils parlaient également sango, une langue largement utilisée par les centrafricains.
En faisant comparaître l’expert linguiste, les procureurs ont tenté d’apporter une crédibilité au témoignage de leurs témoins qui avaient conclu que les soldats ayant commis les actes de violence étaient des congolais plutôt que des ressortissants centrafricains en se basant sur la langue qu’ils parlaient. La défense a soutenu que les soldats et miliciens centrafricains étaient impliqués dans la commission d’atrocités sur les civils à l’époque où les combattants du MLC étaient présents dans le pays.
Selon les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI), M. Bemba, en tant que commandant en chef du MLC porte la responsabilité des viols, meurtres et pillages commis en masse par ses soldats en RCA. Ses troupes étaient présentes dans le pays entre octobre 2002 et mars 2003 pour aider le président en exercice Ange-Félix Patassé à combattre une rébellion.
Lors du contre-interrogatoire mené par l’avocat de la défense Nkwebe Liriss, le professeur a affirmé que, hormis le lingala, les supposés soldats du MLC étaient susceptibles de parler swahili et d’autres langues. Il a indiqué que même si les centrafricains connaissaient le swahili ou d’autres langues parlées par les troupes congolaises, ils les auraient identifiés comme des non centrafricains car les sonorités auraient été ‘‘différentes’’.
M. Nkwebe a demandé au témoin pourquoi le lingala était identifié comme étant la langue des agresseurs si, en fait, les soldats congolais pouvaient parler d’autres langues.
« Certaines personnes peuvent reconnaître des bribes de la langue [lingala] », a expliqué le professeur Samarin. « Ce qui est important, ce n’est pas qu’ils parlent lingala mais qu’ils parlent comme des personnes venant de là-bas [RDC]. Évidemment, ils peuvent aussi présenter d’autres singularités ».
Vendredi dernier, l’expert a déclaré que la langue parlée par les soldats du MLC, ainsi que leur accent, auraient pu les distinguer des citoyens centrafricains.
La défense a fait observer aujourd’hui que le rapport que le professeur avait présenté à la Cour en septembre dernier était basé sur des recherches menées il y a plus de 15 ans, en 1994. Le témoin a répondu que « rien n’avait changé depuis 1994 » en ce qui concernait la dynamique linguistique au sujet de laquelle il faisait une déposition.
Le professeur Samarin a expliqué que, outre ses connaissances personnelles et son étude de 1994, son rapport à la Cour était également basé sur les évènements de 2002 et 2003 qu’il avait trouvé dans les documents et les dépositions des témoins que lui avaient fourni le Bureau du Procureur et qu’il avait analysé.
Le professeur Samarin poursuivra sa déposition demain matin.
une expertise partiale et approximative basée sur les prejugés raciales et pourquoi on ne prendrait deja pas un chinois pour apporter son expertise sur cette affaire ? tant qu’on y est ^.
Je ne partage pas le point de vue émis dans le commentaire précédent. Dr. W. Samarin est un des experts en etudes centrafricaines dont les oeuvres touchent plusieurs langues centrafricaines, y compris le Sango. En tant que Professeur emerite, Dr W. Samarin connait bien le Sango pour avoir passé presque toute sa vie à étudier les traditions et cultures centrafricaines. Lorsqu’il a commencé l’etude de sango, cette langue etait encore embryonnaire. Il connait l’evoluation de Sango à laquelle il a contribué tant en ecrit qu’en oral. Il est capable de reconnaitre l’origine ethnique d’un locuteur sango à partir de l’accent de ce dernier. C”est evident qu’il soit en mesure de dire que les Centrafricians ne pouvaient pas se tromper sur la langue que les miliciens de M. Mbemab parlaient. D’ailleurs a Bangui, on reconnait facilement les Congolais avec leur accent monon. Souvent on les appelle Monons.