Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, un expert sur l’utilisation du viol en tant qu’arme de guerre a déclaré que les soldats congolais avaient violé les femmes centrafricaines pour les ‘’punir’’ d’avoir soutenu les rebelles qui tentaient de renverser le président Ange-Félix Patassé. Les femmes ont été en mesure d’identifier la nationalité de leurs agresseurs car les soldats parlaient une langue qu’elles ont reconnu être une langue congolaise.

Pour son dernier jour de témoignage, le Dr Tabo, qui témoignait pour l’accusation en tant que témoin expert au procès du chef de l’opposition congolais Jean-Pierre Bemba, a également été chargé par la défense d’expliquer le taux élevé d’infection par le VIH chez les victimes de viol. Dans son témoignage d’hier, l’expert avait indiqué que 81 des 512 victimes avec lesquelles il avait travaillé avaient découvert leur séropositivité, bien qu’il ait été ensuite établi que la majorité d’entre elles avait le virus avant le viol.

La nationalité des agresseurs a été au centre de l’interrogatoire de la défense. Selon le témoin, les victimes avaient déclaré que les agresseurs étaient des membres du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), la milice dirigée par M. Bemba.

« Comment les victimes ont-elles compris que leurs agresseurs les avaient violées pour les punir d’avoir collaboré avec l’ennemi ? », a demandé l’avocat de la défense Peter Haynes.

Le Dr Tabo a répondu que puisque la RCA bordait la République démocratique du Congo (RDC), « certaines langues de la RDC sont comprises par les habitants de la RCA et inversement ».

Il a ajouté que plusieurs victimes de viol lui avaient indiqué que, après que les soldats aient pénétré dans leurs maisons, ils les avaient interrogées pour savoir où se cachaient les rebelles et avaient déclaré qu’ils puniraient les femmes si on ne leur dévoilait pas où se trouvaient les insurgés. Il a indiqué que les soldats avaient ensuite violé les femmes pour les punir de soutenir les rebelles.

L’expert a expliqué que la majorité des victimes avaient indiqué que de telles paroles avaient été prononcées avant qu’elles ne soient violées. Selon lui, le viol a été utilisé pendant le conflit armé en RCA comme une arme de guerre. Il a ajouté que les soldats qui subissaient la pression des combats et qui étaient hors de contrôle, utilisaient souvent le sexe comme exutoire. Le Dr Tabo a également indiqué que les soldats préféraient des « femmes jeunes et séduisantes », ce qui explique pourquoi il y avait une probabilité quatre fois plus forte pour les femmes de moins de 30 ans de se faire violer que pour celles de plus de 30 ans.

Interrogé par l’avocat de la défense pour savoir comment il avait déterminé que dix des 512 victimes qu’il avait examinées avaient été infectées par le VIH lors de leur viol, le témoin a répondu que cette information avait été recueillie par une autre équipe mise en place par le gouvernement centrafricain et financée par les Nations Unies. M. Haynes a alors tenté de remettre en cause la crédibilité de l’équipe qui avait recueilli ces données, soulignant que ce n’était pas les Nations Unies mais le ministère des affaires sociales de la RCA qui avait effectué la collecte des données. Il a, de plus, mis en doute les conclusions du Dr Tabo. Comment, par exemple, pouvait-il affirmer que seules quatre femmes étaient tombées enceintes à la suite de leur viol parmi plus de 500 femmes, alors que certaines avaient été violées plusieurs fois et parfois par deux hommes ou plus ?

Le témoin expert a répondu qu’il y avait probablement des cas de grossesses non désirées qui n’avaient pas été signalés. « Le chiffre présent est sous-estimé. Beaucoup de victimes n’ont pas été en mesure de venir s’exprimer », a expliqué le Dr Tabo, un psychiatre et professeur de médecine centrafricain qui a traité et évalué de nombreuses femmes violées lors de ce conflit.

Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) affirment que les membres du MLC avaient utilisé le viol, à la fois des femmes et des hommes, comme arme de guerre alors qu’ils combattaient aux côtés des forces de l’ancien président Patassé. M. Bemba est jugé pour manquement présumé à arrêter ou punir ses soldats qui violaient, tuaient et pillaient. Il a nié les accusations.

Dans ce qui a semblé être une tentative de rejeter les allégations de l’accusation selon lesquelles les soldats congolais avaient infecté les femmes centrafricaines avec le VIH, M. Haynes a présenté comme preuve un rapport du gouvernement de la RCA affirmant que le taux de prévalence du VIH dans ce pays se situait aux environs de 15 pour cent en 2002. Il a également présenté un rapport du Programme des Nations unies sur le sida (ONUSIDA) et a indiqué qu’il fixait le taux de prévalence en RDC à l’époque à 1,5 pour cent au maximum.

Interrogé par Marie-Edith Douzima-Lawson, un représentant légal des victimes participant au procès, pour expliquer comment il avait établi que de nombreuses femmes mariées avaient été violées pendant le conflit, le Dr Tabo a indiqué que les victimes avaient rempli des questionnaires dans lesquels elles précisaient leur statut marital à l’époque des agressions.

Hier, l’expert a déclaré que parmi les 512 victimes examinées dans le rapport du médecin, 42 pour cent d’entre elles avaient été violées devant des membres de leur famille. Le Dr Tabo a déclaré que la commission d’une violence sexuelle en présence d’autres personnes était liée à une motivation de ‘‘punition’’, particulièrement si ce membre de la famille était le mari. Violer une femme devant un membre de sa famille signifie que l’on veut la punir et humilier ce membre de la famille », a-t-il indiqué.

Le Dr Tabo a terminé sa déposition aujourd’hui. Les audiences reprendront le 3 mai 2011 puisque la Cour est en vacances judiciaires de printemps la semaine prochaine.

1 Commentaire
  1. n’importe qoui ce precès


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