Aujourd’hui, lors des brefs moments où il a été interrogé en séance publique, un témoin a indiqué aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) que les soldats congolais de l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba s’étaient rendus en République centrafricaine (RCA) une première fois en 2001.
Lors du contre-interrogatoire, l’avocat de la défense Peter Haynes a demandé au ‘‘témoin 63’’ s’il avait rencontré ou parlé à certains soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) lors de leur première visite dans le pays en 2001.
Le témoin a répondu, « En 2001, nous avons entendu parler d’eux au port fluvial et du fait qu’ils étaient partis ». Le port auquel il faisait référence se trouve le long du fleuve qui sépare la RCA de la République démocratique du Congo (RDC).
Selon le témoin, lorsque les soldats de M. Bemba étaient retournés en RCA en 2002, il les avait suivis discrètement alors qu’ils poursuivaient les rebelles qui tentaient de renverser le président de l’époque Ange-Félix Patassé. Le témoin a déclaré la semaine dernière avoir ensuite vécu avec les soldats du MLC mais il n’a pas indiqué en séance publique dans quelles circonstances il avait été amené à vivre parmi eux. Depuis le début de sa déposition, il y a près de quinze jours, le ‘‘témoin 63’’ a donné la majeure partie de son témoignage à huis clos.
Entretemps, les juges ont accordé dans la journée des mesures de protection au ‘‘témoin 209’’ qui devrait être la prochaine personne à se présenter à la barre des témoins. Les procureurs ont demandé aux juges d’autoriser en audience l’utilisation d’un pseudonyme, une déformation numérique de la voix et du visage ainsi que l’usage d’un témoignage à huis clos limité.
L’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU) a pris en charge les mesures de protection du témoin suivant. Le VWU a déclaré qu’il serait souhaitable de tenir des séances à huis clos lorsque certaines parties de la déposition du ‘‘témoin 209’’ pourraient conduire à ce que l’identité de victimes de violence sexuelle soit divulguée, ce qui d’après les fonctionnaires de l’unité pourrait entraîner un nouveau traumatisme et une stigmatisation.
Les juges ont décidé qu’il était raisonnable et approprié de prendre des mesures de protection puisqu’elles permettraient au ‘‘témoin 209’’ de continuer à vivre dans sa communauté sans redouter d’être menacé ou harcelé.
M. Bemba a nié avoir eu le contrôle effectif de ses soldats qui étaient présents en RCA mais il n’a pas cherché à les empêcher ou à les punir de commettre des viols, des meurtres et des pillages dans ce pays en 2002 et 2003.
La défense devrait poursuivre demain le contre-interrogatoire du ‘‘témoin 63’’.