Deux représentants légaux des victimes participant au procès de l’accusé de crimes de guerre congolais Jean-Pierre Bemba ont interrogé aujourd’hui le témoin mais presque la totalité de l’audience s’est déroulée à huis clos.
La semaine dernière, les juges chargés de l’affaire à la Cour pénale internationale (CPI) ont accordé à deux représentants légaux – Marie-Edith Douzima-Lawson et Assingambi Zarambaud – l’autorisation d’interroger le ‘‘témoin 209’’. Les juges Sylvia Steiner, Kuniko Ozaki et Joyce Aluoch ont permis à l’unanimité à Mme Douzima-Lawson d’interroger le témoin. Le juge Ozaki n’était toutefois pas du même avis concernant M. Zarambaud notamment parce qu’elle estimait que certaines des questions qu’il souhaitait poser au témoin étaient inappropriées.
Le ‘‘témoin 209’’ a commencé sa déposition la semaine dernière et, lors des brefs instants où il a témoigné en séance publique, il a relaté les pillages qu’il a affirmé être commis par les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) dans la ville de Damara en République centrafricaine (RCA). Le témoin, le vingt-et-unième appelé par les procureurs depuis le début du procès en novembre dernier, se présente à la barre avec des mesures de protection telles que la déformation numérique du visage et de la voix.
Dans les procès actuellement en cours à la CPI, les victimes ont été autorisées à poser des questions aux témoins de l’accusation et de la défense dont elles pensaient que les dépositions pouvaient directement affecter leurs intérêts. Leurs représentants légaux assistent toujours aux audiences de la Cour, y compris aux séances à huis clos. Lors du procès de M. Bemba, six personnes bénéficient d’un double statut, ce qui signifie qu’elles sont à la fois victimes et témoins et qu’elles se présenteront à la barre pour apporter leur témoignage.
Aujourd’hui, lorsque le ‘‘témoin 209’’ a comparu brièvement en séance publique, il a indiqué avoir entendu sur une radio centrafricaine locale ainsi que sur Radio France International, basée à Paris, que M. Bemba « contrôlait une grande partie du territoire du Congo ». Interrogé par Mme Douzima-Lawson pour savoir de quel territoire il s’agissait, le témoin a répondu qu’il se situait dans la province de l’Équateur, au Congo, qui est séparé de la RCA par la rivière Oubangui. L’audience s’est ensuite tenue à huis clos.
Les procureurs affirment que M. Bemba était le commandant des troupes du MLC – bien qu’il n’ait pas été présent sur le sol de la RCA – et que, malgré le fait qu’il ait été informé que ses troupes commettaient des crimes, il ne les a jamais arrêtées ou punies. Il a nié les charges.
Demain matin, la défense débutera le contre-interrogatoire du ‘‘témoin 209’’.