Marie-Edith Douzima-Lawson est un des deux avocats représentant les victimes participant au procès de l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba qui se tient actuellement devant la Cour pénale internationale (CPI). M. Bemba, dont le procès qui se déroule devant le tribunal basé à La Haye a débuté le 22 novembre 2010, est jugé pour manquement présumé à contrôler ses troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) qui auraient violé, tué et pillé alors qu’elles étaient déployées en République centrafricaine (RCA) entre octobre 2002 et 2003. En début de mois, Mme Douzima-Lawson s’est confiée à http://french.bembatrial.org sur l’importance des victimes participant à ce procès et sur le traumatisme des civils centrafricains lors du conflit qui a ravagé ce pays.
Wakabi Wairagala : Combien y a-t-il de victimes au procès Bemba et quelle est la catégorie la plus importante en nombre de victimes (par exemple, les victimes d’agressions sexuelles ou de pillages)?
Douzima-Lawson : A ce jour 1313 victimes sont admises par la Chambre à participer à la procédure dans l’affaire J.P Bemba. Il est difficile de préciser le nombre le plus important de victimes par rapport aux crimes, compte tenu du nombre élevé de dossiers et du fait que plus de 400 demandes sont encore entrain d’être examinées.
WW : Quels défis rencontrez-vous dans la représentation d’un si grand nombre de victimes?
DL : C’est dans cette procédure qu’il ya effectivement le plus grand nombre de victimes admises à participer. En plus, la décision relative à la représentation légale commune n’est intervenue que quelques jours avant l’ouverture du procès. Telle que la répartition a été faite, je me suis retrouvée avec assez de dossiers de victimes que je n’ai jamais rencontrés.
Aussi, il faut prendre connaissance des presque 700 victimes que je représente, voire de les rencontrer afin de présenter toutes leurs vues et préoccupations à la Chambre.
WW : Etes-vous satisfaite jusqu’à présent du rôle que les victimes ont joué dans le procès Bemba? Souhaiteriez-vous qu’elles jouent un rôle plus important au cours du procès?
DL : Les victimes jouent un rôle important au cours du procès mais je souhaite effectivement qu’elles en jouent encore d’avantage, étant donné qu’elles sont au centre du statut de Rome. Je souhaite qu’elles puissent passer du statut de participant à celui de partie au procès au même titre que l’accusation et la défense et que leur avis soit requis pour toutes questions relatives à la procédure.
WW : Quelles sont les attentes des victimes par rapport à ce procès? Et quelles sont leurs principales inquiétudes?
DL :Les victimes entendent que justice leur soit enfin rendue et se plaignent de la longueur de la procédure. Aussi, elles se demandent si en cas de condamnation de J.P Bemba celui-ci aura la possibilité de dédommager un si grand nombre de victimes.
WW : Dans les témoignages apportés jusqu’à maintenant, quel type de témoignage le procès Bemba a-t-il entendu de la part de victimes concernant les crimes commis par le MLC sur les citoyens de la RCA?
DL : Tous les témoignages ont relevé tous les aspects des charges à l’encontre de J.P Bemba à savoir le viol, le pillage et le meurtre. Ces témoignages nous ont permis d’identifier clairement les auteurs des crimes alléguées, leurs stratégies et méthodes, les lieux, les chaînes de commandements et les conséquences sur les victimes.
WW : Êtes-vous satisfaite des charges retenues par le BdP à l’encontre de M. Bemba ou aviez-vous espéré que d’autres accusations soient portées contre lui? Et pour faire suite à la question précédents, pensez-vous que les charges qui n’ont pas été retenues contre lui auraient pu être traitées dans le cadre du procès en cours?
DL : Je suis satisfaite des charges retenues par le bureau du Procureur à l’encontre de J.P Bemba. Toutefois je déplore évidemment que la Chambre n’ait pas maintenu à son encontre la torture car dans le cadre de ce procès, la torture apparaît effectivement dans les témoignages tant dans l’exécution des viols que des pillages toujours précédés de menaces à mains armées. Ainsi, la plupart des viols ont été perpétrés de manières collectives en public parfois en présence de proches de la victime. Cette pratique était destinée à terroriser la paisible population centrafricaine.
WW : Les victimes de la RCA ont besoin de connaître l’avancement du procès Bemba. Comment sont-elles informées actuellement sur le procès et pensez-vous que ce qui est fait est suffisant de ce point de vue?
DL : Conformément à la décision sur la représentation légale commune, chacune des deux équipes a un assistant juridique sur le terrain en RCA. Ce sont ces assistants juridiques qui ont la charge d’informer par différents moyens les victimes et de recueillir leurs vues et préoccupations et nous les transmettent.
Aussi, la section de sensibilisation de la CPI à Bangui elle, donne des informations générales au public. Toutefois, lors d’une mission en RCA en Avril dernier, nous nous sommes rendus compte que les victimes voudraient absolument avoir des contacts directs avec les représentants légaux à la CPI que nous sommes pour être plus rassurés et c’est ce que nous avions fait.
WW : Les juges ont établi des lignes directrices pour l’interrogatoire des victimes de viol. Avez-vous le sentiment qu’elles ont été suffisamment prises en compte ou y a eu-t-il des cas où les victimes ont subi un nouveau traumatisme ou se sont senties excessivement mal à l’aise pendant leur interrogatoire?
DL : La manière à laquelle le crime de viol a été exécuté entraîne nécessairement un traumatisme à vie pour les victimes. C’est pourquoi, malgré les lignes directrices prises par la chambre pour l’interrogatoire des témoins ayant la qualité de victimes et surtout les victimes de crime sexuel, ces dernières souvent « craquent » au moment où elles relatent leur histoire. Il s’agit d’une situation inévitable que l’on ne saurait reprocher aux parties et participants.
WW : Êtes-vous satisfaite des mesures de protection accordées aux témoins ainsi que du soutien apporté par l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU) aux victimes et aux témoins ? Peut-on faire plus encore dans la protection et le soutien aux témoins et aux victimes?
DL : Les mesures de protection sont accordées au cas par cas et sont à mon avis satisfaisantes mais certaines circonstances peuvent les rendre inefficaces selon les cas. Ainsi, un témoin peut être identifié à travers son récit par son entourage ou même parce que lui-même en a parlé. A ma connaissance, aucun témoin ne s’est véritablement plaint de la qualité du soutien apporté par l’unité d’aide aux victimes et témoins.
WW : À partir des récits entendus jusqu’à présent et sachant qu’il s’agit du premier procès devant la CPI dans lequel est portée une accusation relative à l’utilisation du viol comme arme de guerre, de quelle manière le MLC a-t-il utilisé le viol en tant qu’arme de guerre en RCA? Quel était l’ampleur de ce phénomène et, d’après les déclarations des témoins, quelle était la principale motivation du MLC pour perpétrer ces viols?
DL : Il ressort des faits que le viol a été systématique comme le pillage et exécuté d’une manière humiliante, en tout lieu, en tout temps, à plusieurs, en présence de proches des victimes et ces victimes étant de toutes catégories. Ces viols ont été perpétrés dans toutes les localités où le MLC a sévi.
Il ressort également des témoignages des victimes confirmé par l’expert psychiatre centrafricain ayant personnellement reçu un nombre important de victime, que les localités visées sont censées être pour le MLC celles favorables aux rebelles qu’ils sont en principe venus combattre. Donc, en plus de ce qu’ils voulaient se défouler sexuellement, le viol tel que décrit leur permettait de déstabiliser l’ennemi et de punir les victimes.
WW : Quelles sont les conséquences à long terme sur les personnes et les communautés centrafricaines qui découlent des actes de violence commis par le MLC?
DL : Les conséquences qui découlent des actes de violence commis par le MLC sont multiples. Il y’a entre autre la stigmatisation des victimes sexuelles et la dislocation des foyers, les infections au VIH SIDA ainsi qu’à d’autres MST, la peur des hommes en tenue et le traumatisme, le dégoût, le suicide, les décès, le sentiment de révolte, de colère, de vengeance, le déplacement de population et changement de résidence, les handicaps physiques, sexuels, moraux, l’accroissement de pauvreté et de la misère.
WW : La défense de M. Bemba a soutenu que ce n’était pas lui mais le défunt président Patassé qui devrait être jugé devant la CPI. Quels sont vos commentaires à ce sujet?
DL : Certes c’est le défunt Président Patassé qui avait fait appel à Bemba non pour venir violer, piller et tuer les civils mais pour repousser la rébellion centrafricaine qui menaçait son pouvoir.
meme votre site ne fait que de la propagande anti-bemba desolé car je croyais que vous livré l’information de maniere impartiale pourquoi ne pas poser la question sur les differentes contradictions relevés dans les temoignages ? votre site est a rejeter.bande des ouest-africains aux levres rougies par la drogue.
nous avons deja tout compris, la CPI est et demeurera l’instrument du neocolonialisme au service des occindentaux. mais croyez moi , cela finira un jour.nos freres et soeurs poussés par la pauvreté font le jeu des occidentaux pour gagner leur pain quotidien …mais ce n’est rien