Le procès de

Jean-Pierre Bemba Gombo

L’accusé

Aujourd’hui, un témoin au procès de l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba a déclaré aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) que le commandant de la garde présidentielle centrafricaine avait tué son frère à l’aide d’un hélicoptère fourni par le gouvernement libyen.

« C’est [le général Ferdinand] Bombayake qui a tué mon grand frère dans l’ambulance qui le transportait… elle a été bombardée par Bombayake », a déclaré le témoin, qui témoignait avec une déformation numérique du visage et de la voix ainsi qu’avec le pseudonyme de ‘‘témoin 209’’. Il n’a précisé en séance publique ni les circonstances dans lesquelles son frère avait été blessé ni ce qui avait justifié son évacuation par ambulance.

M. Bombayake dirigeait l’Unité de sécurité présidentielle pendant le conflit de 2002-2003 qui a ravagé la République centrafricaine (RCA). À l’époque, le président en exercice Ange-Félix Patassé faisait face à une rébellion armée menée par son ancien chef d’état-major François Bozizé, ce qui l’a incité à demander de l’aide aux troupes congolaises de M. Bemba.

Lors du contre-interrogatoire mené par l’avocat de la défense Peter Haynes, le ‘’témoin 209’’ a décrit comment, pendant près de deux mois, entre octobre et décembre 2002, la ville centrafricaine de Damara avait été bombardée « tous les deux ou trois jours » par un appareil libyen piloté par le général Bombayake. À ce moment-là, les forces rebelles de M. Bozizé occupaient la ville. Le témoin a déclaré que c’était lors de l’un de ces bombardements que son frère aîné avait été tué par les tirs de cet appareil.

Selon les témoignages précédemment entendus au cours du procès, une enquête judiciaire menée par les autorités centrafricaines avait constaté que la garde présidentielle dirigée par M. Bombayake était la seule unité militaire à avoir travaillé avec le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba lorsque ce groupe était présent dans le pays.

D’après le procureur général de la République centrafricaine et le juge qui avait reçu les conclusions de l’enquête et qui avait ensuite mené sa propre enquête, la garde présidentielle et ses alliés congolais dépendaient directement du commandement du président Patassé, collaborant par le biais de M. Bombayake. Les témoins ont également indiqué que les troupes du gouvernement libyen avaient combattu aux côtés de M. Patassé durant le conflit qui s’était conclu avec la victoire de M. Bozizé en mars 2003.

Le procès présidé par le juge Sylvia Steiner a auparavant entendu le témoignage du procureur général de la RCA, Firmin Feindiro, qui a déclaré qu’il était ressorti de son enquête que M. Patassé avait coordonné les opérations militaires contre les insurgés. « Lorsqu’une offensive ou une contre-offensive était organisée, c’était le président qui la supervisait … Cela a été confirmé par le général Bombayake qui a assuré que c’était M. Patassé qui décidait de tout et qu’il [Bombayake] ne faisait qu’appliquer les instructions reçues », était-il indiqué dans le rapport de M. Feindiro.

Les procureurs affirment que, en tant que commandant en chef du MLC, M. Bemba avait fait preuve de manquement à contrôler ses troupes alors qu’elles auraient violé, tué et pillé les civils centrafricains lors du conflit de 2002-2003. Il a nié les charges.

La défense poursuivra le contre-interrogatoire du ‘‘témoin 209’’ demain matin.