Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Le procès de l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba qui se déroule devant la Cour pénale internationale (CPI) a repris aujourd’hui après une coupure d’un mois pour entendre le témoignage du 26ème témoin de l’accusation qui se présente à la barre sous le pseudonyme de ‘‘témoin 173’’. Il a relaté les atrocités commises par la milice de l’accusé et a affirmé que depuis que M. Bemba ne payait plus ses troupes, les combattants devaient se débrouiller par eux-mêmes.

Le témoin a donné des détails sur le pillage généralisé perpétré par le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) et a rappelé que les combattants de M. Bemba visaient les musulmans centrafricains d’origine tchadienne qui étaient les seuls qu’ils cherchaient à tuer. Il n’a pas précisé en séance publique pourquoi ce groupe était visé. Le ‘‘témoin 173’’ a bénéficié de mesures de protection, notamment la déformation numérique de la voix et du visage, et a apporté la majeure partie de sa témoignage à huis clos afin de protéger son identité.

Le témoin a également indiqué avoir entendu de nombreux récits de viols commis par les soldats congolais. « J’ai parlé [des viols] à leur chef. Ces histoires ne les intéressaient pas. Il n’a pas indiqué en séance publique comment il en était venu à discuter avec ce chef du MLC anonyme mais il a affirmé que cet individu n’avait pas nié que ses soldats commettaient des viols.

M. Bemba, un ancien vice-président congolais, est jugé devant la tribunal basé à La Haye pour manquement à punir ou arrêter ses soldats alors qu’ils perpétraient en masse des viols, des pillages et des meurtres dans la République centrafricaine (RCA) voisine lors du conflit de 2002-2003. Il a nié les charges.

Interrogé par l’avocat de l’accusation Jean-Jacques Badibanga pour savoir si des mesures disciplinaires avaient été prises contre les soldats du MLC ayant commis ces violences, le ‘‘témoin 173’’ a répondu : « Aucune. Ils [MLC] n’avaient peur de rien car il n’y avait aucune règle. Il n’y avait pas de police militaire au sein de leur mouvement ».

Selon le témoin, le MLC ne payait pas ses soldats. Il a poursuivi en indiquant que les soldats devaient plutôt se débrouiller seuls. « Lorsque vous envoyez quelqu’un avec une arme au front sans le payer, il prendra [des choses] par la force et c’est pourquoi autant d’atrocités ont été commises », a déclaré le témoin.

En outre, le témoin a confirmé que le président de la RCA de l’époque, Ange-Félix Patassé, n’exerçait aucun contrôle sur les troupes de M. Bemba lors de leur séjour dans le pays. « Les troupes rendaient des comptes directement à M. Bemba », a-t-il affirmé.

Tout en reconnaissant qu’il avait envoyé ses troupes en RCA pour aider M. Patassé, aujourd’hui décédé, à combattre une tentative de coup d’état, M. Bemba a prétendu que les nombreux autres groupes armés en activité lors du conflit pouvaient avoir commis les crimes dont il est accusé. De plus, M. Bemba se défend en affirmant que, une fois que ses troupes avaient traversé la rivière Oubangui, soit la frontière DRC-RCA, il n’avait plus aucun contrôle sur elles puisqu’elles étaient passées sous le commandement de M. Patassé.

Le procès se poursuivra demain matin avec la suite de la déposition du ‘‘témoin 173’’.


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