Aujourd’hui, un témoin de l’accusation a déclaré que, bien que le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba possédait un code de conduite pour ses combattants, ces règles étaient ignorées sur le champ de bataille.
Témoignant pour son quatrième jour, le ‘‘témoin 173’’, qui comparaissait sous un pseudonyme et avec le visage caché au public, a été interrogé par l’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba pour savoir comment il avait eu connaissance du règlement disciplinaire du groupe.
Le témoin a répondu : « J’étais en contact avec les dirigeants ». Il n’a pas précisé en séance publique comment il avait appris l’existence d’un règlement disciplinaire auprès de ces chefs anonymes.
Le ‘‘témoin 173’’ avait précédemment affirmé qu’aucune mesure disciplinaire n’avait été prise pour contenir les soldats de M. Bemba ayant commis de violences lors de la campagne de 2002-2003 qui s’était déroulée en République centrafricaine (RCA).
M. Bemba, un ancien vice-président de la République démocratique du Congo, est jugé pour les viols, meurtres et pillages commis par ses combattants. Les procureurs soutiennent que, bien ayant eu connaissance du fait que ses combattants agressaient les civils, il n’avait jamais agi pour les arrêter ou les punir.
Dans son exposé introductif présenté au début du procès en novembre dernier, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a déclaré que M. Bemba avait promulgué un code de conduite qui était applicable à tous les soldats du MLC mais que la plupart d’entre eux ne connaissaient ni l’existence ni le contenu de ce code.
« L’accusé a choisi de ne pas diffuser le code, de ne pas former ses soldats au respect de la vie et de la propriété des civils », a affirmé le procureur. « L’accusé a omis, en particulier, de tenir compte, avant son engagement militaire, de la législation dans sa prise de décisions opérationnelles lors de ses opérations militaires en RCA de 2002-2003. Il s’est abstenu de donner des ordres clairs qui soient suivis d’effet pour garantir que les crimes ne soient pas commis.
Dans son témoignage d’aujourd’hui, le ‘‘témoin 173’’ a affirmé que le MLC n’était pas la seule force armée qui agressaient les civils. D’après lui, les troupes de M. Bemba n’étaient arrivées dans la capitale centrafricaine Bangui que 3-5 jours après l’éclatement des affrontements entre les rebelles menés par François Bozizé et les forces loyalistes du président en exercice Ange-Félix Patassé le 25 octobre 2002. Le témoin a déclaré que les meurtres et les pillages s’étaient produit pendant cette période. « Les troupes du MLC tuaient, les troupes de la garde présidentielle [de M. Patassé] tuaient également », a-t-il affirmé.
Le ‘‘témoin 173’’ a également déclaré que, après le départ du pays des troupes de M. Bemba au mois de mars 2003, les viols, meurtres et pillages avaient continué. Il a précisé que les civils soupçonnés d’être d’origine congolaise ou d’avoir collaboré avec le MLC étaient les cibles de ces actes de violence perpétrés par les forces victorieuses de M. Bozizé.
« Les [civils] congolais étaient menacés par les troupes de Bozizé. J’ai été moi-même victime de ces [crimes] », a indiqué le témoin sans donner plus de détails.
Le procès se poursuivra lundi 29 août avec la suite du contre-interrogatoire du ‘‘témoin 173’’ par la défense.