Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

La Cour a entendu aujourd’hui que, malgré l’existence d’une hiérarchie et d’une chaîne de commandement claires au sein du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), son commandant en chef, l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba, pouvait donner des ordres directement sur le terrain.

Témoignant avec des mesures de protection, notamment une déformation numérique du visage et de la voix pour protéger son identité, le ‘‘témoin 33’’ a brossé un bref historique du MLC. Selon le témoin, M. Bemba, avec l’aide du gouvernement ougandais, avait fondé le MLC en 1998 dans la ville congolaise de Kisangani. À l’origine, le ‘‘Mouvement’’ était un parti mais son fondateur avait ensuite recruté de jeunes professionnels et soldats pour former le corps du ‘‘Mouvement’’.

Un conseil politique et militaire avait été créé en tant qu’autorité supérieure du MLC. Outre ce conseil, un exécutif national avait été nommé et des secrétaires territoriaux désignés.

« Le MLC était une organisation bien structurée avec des règles et des règlements stipulés dans les statuts du parti », a déclaré le ‘‘témoin 33’’.

Il a indiqué que le fondateur était le commandant en chef tandis que le colonel Dieudonné Amuli – actuellement général dans l’armée congolaise – était commandant en second. Le colonel Amuli avait trois adjoints.

Le ‘‘témoin 33’’ a affirmé qu’il était entendu qu’au sein du MLC les ordres étaient donnés par M. Bemba par le biais d’Amuli, le chef d’état-major qui, les répercutait dans la chaîne de commandement. Toutefois, « dans la pratique, ce n’était pas toujours le cas ».

« M. Bemba pouvait sauter l’ensemble de la chaîne de commandement et donner des ordres directement aux soldats sur le terrain », a déclaré le témoin.

« L’état-major pouvait-il intervenir ou arrêter l’émission d’ordres [de M. Bemba] ? », a demandé le substitut du procureur Jean-Jacques Badibanga.

« Pas du tout », a répondu le ‘‘témoin 33’’.

Selon le témoin, M. Bemba prenait toutes les décisions militaires relatives à l’engagement des troupes du MLC dans une opération. Les officiers de haut rang du MLC conseillaient simplement M. Bemba sur les questions militaires. Il n’a pas été divulgué en séance publique comment le ‘‘témoin 33’’ en était venu à connaître le fonctionnement interne du MLC.

Le témoin a également décrit M. Bemba comme un chef charismatique dont « l’engagement personnel » dans le MLC était une source de « grande motivation pour les troupes sur le terrain ».

M. Bemba a nié exercer un commandement et un contrôle effectifs sur le MLC alors que ses troupes ravageaient la République centrafricaine (RCA) voisine. Les procureurs de la Cour pénale internationale soutiennent que ses soldats ont violé, tué et pillé alors qu’ils étaient déployés en RCA en 2002 et 2003. Bien que M. Bemba ne fût pas physiquement présent dans ce pays à l’époque, il est tenu pénalement responsable des crimes présumés.

Pour sa défense, M. Bemba a affirmé que, une fois que les troupes avaient traversé la frontière entre le Congo et la République centrafricaine, elles étaient passées sous le commandement du président de la RCA en exercice Ange-Félix Patassé et que c’était lui qui devrait être jugé.

Le procès se poursuivra lundi matin avec la suite de la déposition du ‘‘témoin 33’’.


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