Aujourd’hui, un témoin à charge a déclaré qu’un commandant du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) avait volé une jeep à Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA), mais qu’il n’avait pas été puni pour cela bien qu’il ait ouvertement conduit le véhicule au quartier général du groupe de Jean-Pierre Bemba.
La défense de M. Bemba, toutefois, a suggéré que le véhicule était un cadeau à un commandant du président de l’époque Ange-Félix Patassé et qui était connu sous le nom de Bokolombe.
« Pendant la guerre, je ne sais pas comment il [M. Patassé] aurait découvert le lieu des fusillades afin de faire un cadeau à l’homme qui commandait les forces », à répondu le ‘‘témoin 32’’.
L’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba a demandé au témoin comment il savait que M. Bokolombe avait volé une jeep à Bangui.
« C’est ce que tout le monde racontait à Gbadolite », a répondu le témoin, faisant allusion à la ville de République démocratique du Congo (RDC) où M. Bemba avait son quartier général. « Gbadolite est une petite ville et c’est ce que toute le monde disait », puis il a ajouté que le véhicule n’avait pas de plaques centrafricaines ou tout autre signe qui aurait indiqué qu’il provenait de ce pays.
M. Bemba a nié les accusations des procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) selon lesquelles il n’avait pas pris de mesures pour arrêter ou punir ses soldats qui auraient violé, tué et pillé. Les soldats avaient été déployés en RCA pour aider le président de ce pays à combattre une tentative de coup d’état.
Le témoin a également décrit les procès militaires menés par le MLC conformément à son code de conduite. Cependant, il a affirmé que M. Bemba désignait les membres des tribunaux militaires et que ces derniers faisaient ce qu’il souhaitait.
La défense a demandé au témoin de lire à voix haute plusieurs documents qui indiquaient, selon elle, que ces tribunaux militaires étaient conduits par des membres qui n’étaient pas directement rattaché à M. Bemba, le commandant en chef, et que les troupes du MLC relevaient sur le terrain du chef d’état-major général. Les autres documents présentés par la défense, que le témoin a été également invité à lire à voix haute, indiquaient que certains soldats du MLC avaient été jugés et condamnés par le tribunal militaire pour des crimes commis en RCA.
Pour sa part, le témoin a déclaré que, à l’époque où le MLC était déployé dans le pays voisin, il avait quitté Gbadolite. Il n’était donc pas en mesure de dire comment M. Bemba avait réagit lorsqu’il avait appris que ses soldats commettaient des crimes en RCA.
« À cette époque, je n’étais jamais en [RDC], je n’étais pas en contact avec les autorités présentes en RCA et j’étais moi-même pourchassé [par le MLC] », a déclaré le témoin. Il n’a pas indiqué la raison pour laquelle il avait fui Gbadolite mais a mentionné que ses gardes du corps étaient restés dans la ville et lui avaient fourni quelques informations qu’il avait transmises aux enquêteurs de la CPI.
Le témoin a nié avoir eu connaissance des structures de commandement militaires du MLC lors du déploiement de ses troupes en RCA durant les années 2002 et 2003. Il a précisé qu’il ne savait pas qui dirigeait la garde présidentielle de M. Patassé, qu’il ignorait que M. Patassé avait une milice privée qui lui rendait directement compte et qu’il ne pouvait pas savoir qui fournissait de la nourriture au MLC.
Le procès devrait se poursuivre vendredi prochain pour entendre le témoignage d’un nouveau témoin.