Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, le procès de Jean-Pierre Bemba à la Cour pénale internationale (CPI) a marqué une pause car le témoin qui se présentait à la barre s’est révélé incapable de poursuivre son témoignage. La raison pour laquelle il ne lui a pas été possible de continuer son témoignage n’a pas été indiquée en séance publique.

À la reprise de l’audience après la pause déjeuner, le juge président Sylvia Steiner a annoncé qu’il y avait un « problème », sans apporter plus de détails. « Attendons que le témoin revienne et s’exprime sur le sujet », a déclaré le juge.

Une fois le témoin revenu dans la salle d’audience, la séance s’est poursuivie à huis clos. Lorsque l’audience a rebasculé en séance publique, le juge Steiner a ajourné le procès jusqu’au lendemain matin afin de « prendre en compte l’état physique et mental du témoin ». Elle n’est pas entrée dans les détails.

Cyprien-Francis Ossibouyen, qui témoignait depuis jeudi dernier, est le 32ème témoin à comparaître pour l’accusation depuis le début du procès en novembre dernier. Les procureurs accusent les soldats appartenant à la milice personnelle de M. Bemba, le Mouvement pour la libération du Congo (MLC), d’avoir perpétré des viols, des meurtres et des pillages envers les civils centrafricains en 2002 et 2003.

La milice était présente dans le pays pour aider le président de l’époque, Ange-Félix Patassé, à combattre une tentative de coup d’état. M. Bemba, qui est détenu dans le quartier pénitentiaire de la Cour depuis 2008, a nié l’ensemble des cinq charges retenues à son encontre.

Lundi dernier, le témoin a exprimé son inquiétude quant à la sécurité de sa famille mais n’a pas détaillé ces préoccupations en séance publique. Il a témoigné en séance publique sans aucune mesure de protection. M. Ossibouyen, entre autres, a indiqué qu’il avait assisté à deux incidents lors desquels des combattants du MLC avaient violé collectivement des femmes centrafricaines.

L’avocat de la défense Peter Haynes a depuis hier contre-interrogé M. Ossibouyen, un ancien technicien de la société centrafricaine de transport fluvial.

Ce matin, il a interrogé le témoin au sujet des deux occasions au cours desquelles M. Ossibouyen avait affirmé avoir transporté par ferry M. Bemba et ses agents de sécurité depuis la ville congolaise de Zongo vers la capitale centrafricaine Bangui.

M. Ossibouyen a ensuite déclaré que, la première fois, il n’avait pris conscience de la personne qu’il transportait que grâce à son commandant présent sur le ferry. Il a précisé que les gardes du corps protégeant le chef des rebelles congolais avaient tiré un grand nombre de coups de feu lorsqu’ils étaient à bord du ferry et qu’une balle perdue avait effleuré son abdomen.

« [La balle] a-t-elle entravé votre capacité à piloter le bateau ? », a demandé M. Haynes.

« J’étais pris de panique. C’est mon adjudant qui m’a dit de me ressaisir et de continuer », a répondu M. Ossibouyen, qui est également connu en tant que ‘‘témoin 47’’. Il a ajouté qu’il avait utilisé un liquide de batterie du bateau pour arrêter le saignement.

« Pouvez-vous nous expliquer pourquoi, au cours des six entretiens que vous avez eu avec les enquêteurs de la CPI, vous n’avez jamais mentionné avoir eu une blessure par balle dans l’abdomen ? », a demandé l’avocat de la défense.

Le témoin a répondu, « Je pense que j’en ai parlé mais parfois les sténographes de la Cour omettent certains éléments ».

Le procès devrait se poursuivre demain matin.


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