Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Un témoin a décrit comment le gouvernement libyen fournissait des armes à la milice congolaise de Jean-Pierre Bemba, que les procureurs accusent d’avoir commis des crimes en République centrafricaine (RCA) entre 2002 et 2003.

Le ‘‘témoin 213’’ a déclaré que des avions libyens apportaient des munitions de Tripoli à Gbadolite, la ville congolaise où les forces rebelles de M. Bemba avait leur quartier général. Le témoin, qui se présentait à la barre avec un pseudonyme, a affirmé que les transporteurs étaient des MIG [un type d’avion de chasse russe] et qu’ils avaient une couleur « militaire ».

Il a indiqué que les avions « étaient chargés à Gbadolite et décollaient de cet endroit vers la RCA ». Les Migs retournaient ensuite à Tripoli depuis la capitale centrafricaine Bangui.

« Suggérez-vous qu’ils étaient utilisés pour des raids aériens ? », a demandé l’avocat de la défense Peter Haynes.

« Oui », a répondu le témoin, un ancien membre du groupe de M. Bemba. « Lorsque nous étions à Bangui, M. Bemba a demandé à Mustafa s’ils avaient le soutien des Migs et Mustafa a rétorqué qu’en effet, ils utilisaient les Migs pour bombarder ». Le général Mustafa Mukiza dirigeait les forces du MLC impliquées dans le conflit.

Le témoin a cependant affirmé que, lorsqu’il s‘était rendu sur place pour visiter Bangui, il n’avait assisté à aucun bombardement.

Le témoin a également indiqué que les « fournitures » qui comprenaient des fusils et des armes de poing provenant de Tripoli étaient transportées de Gbadolite par des Antonov à Zongo, une ville située au bord du fleuve Ouibangui, puis en RCA.

Interrogé par le juge président Sylvia Steiner afin de savoir si des libyens accompagnaient les munitions de Gbadolite à Bangui, le ‘‘témoin 213’’ a répondu par la négative.

« Les seuls libyens présents étaient les pilotes des Migs », a précisé le témoin.

L’essentiel du contre-interrogatoire du témoin s’est déroulé à huis clos. Le témoin avait précédemment affirmé que M. Bemba entretenait des contacts réguliers avec ses soldats déployés en République centrafricaine. De plus, le témoin a indiqué que l’accusé de crimes de guerre donnait directement et régulièrement des ordres à ses combattants impliqués dans le conflit qui a ravagé le pays voisin.

La milice de M. Bemba constituait un des groupes armés participant au conflit centrafricain de 2002-2003 qui a opposé le président centrafricain de l’époque Ange-Félix Patassé contre son chef d’état major révoqué, François Bozizé. Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) soutiennent que la progression du MLC dans le pays en conflit afin de venir en aide à M. Patassé a été caractérisée par des meurtres, des pillages et des viols généralisés. En tant que commandant en chef, M. Bemba est jugé devant le tribunal basé à La Haye pour manquement à arrêter ou punir ses troupes. Il a plaidé non coupable.

Le procès se poursuivra lundi matin avec la suite de la déposition du ‘‘témoin 213’’.

 

 


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