Aujourd’hui, une victime de viol a déclaré que les crimes perpétrés par les soldats appartenant au Mouvement pour la libération du Congo (MLC) s’étaient aggravés après qu’ils aient eu une réunion avec des habitants de la ville centrafricaine qu’ils occupaient.
Le ‘‘témoin 69’’ a ajouté que même après une visite postérieure de leur commandant en chef, l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba, les soldats congolais avaient continué de terroriser les civils.
Témoignant au procès du sénateur congolais qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI), le témoin a indiqué que la réunion avait été organisée à la mairie quelques jours après l’arrivée des troupes dans la ville de Begua. Des habitants de la ville ainsi que les troupes congolaises assistaient à cette réunion.
Lors de l’interrogatoire mené par l’avocat de l’accusation Thomas Bifwoli, le témoin a déclaré que, lors de la réunion, un commandant anonyme avait indiqué que le MLC était « venu pour travailler main dans la main » avec les autochtones. Cependant, lorsqu’un habitant avait fustigé le comportement violent du MLC, le commandant s’était mis en colère et était parti immédiatement. De ce fait, « aucun accord » n’avait été conclu et les actes de violence avaient persisté.
« Ils ont continué à voler et saccager les maisons… cherchant les maisons bien bâties afin d’y installer leurs bureaux et pour emménager dans ces maisons bien bâties », a-t-il précisé.
M. Bemba est jugé devant la CPI pour manquement présumé à faire respecter la discipline parmi ses troupes. Les procureurs soutiennent qu’il est pénalement responsable pour les viols, meurtres et pillages généralisés commis par ses troupes sur les civils centrafricains entre octobre 2002 et mars 2003.
À cette période, les troupes étaient présentes dans le pays pour aider Ange-Félix Patassé, le président de la RCA, à combattre une rébellion armée. M. Bemba a nié les cinq chefs d’accusation retenus contre lui. Sa défense fait valoir que, une fois que ses troupes avaient quitté le territoire congolais, il n’exerçait plus le commandement direct sur ces dernières et que ses troupes relevaient des autorités centrafricaines.
Le ‘‘témoin 69’’ a indiqué aujourd’hui que M. Bemba avait visité une seule fois ses troupes qui stationnaient dans l’école de Begua. Il a déclaré que, après la visite, les soldats avaient continué de commettre des crimes. « S’il avait déclaré pendant sa visite qu’ils ne devaient pas continuer à commettre ces actes de violence et ces abus, ils auraient arrêté », a affirmé le témoin.
Le témoin bénéficiait de mesures de protection, notamment de la déformation numérique de la voix et du visage afin de ne pas divulguer son identité au public. Il a apporté l’essentiel de son témoignage à huis clos.
Entretemps, cet après-midi, la défense de M. Bemba a commencé le contre-interrogatoire du ‘‘témoin 69’’, principalement à huis clos.
La défense poursuivra le contre-interrogatoire du témoin demain matin.