Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, le 35ème témoin appelé par les procureurs dans le procès pour crimes de guerre de Jean-Pierre Bemba devant la Cour pénale internationale (CPI) a raconté comment des soldats appartenant à la milice de l’ancien vice-président congolais l’avaient sodomisé ainsi que sa femme.

Le témoin, qui débutait sa déposition ce matin, a déclaré que sa sœur avait été abattue par deux combattants du Mouvement pour la libération du Congo (MLC). « Elle a tuée comme un animal, comme un chien », a indiqué le ‘‘témoin 69’’.

Le témoin bénéficiait d’une déformation numérique du visage et de la voix pour le public, et l’essentiel de son témoignage s’est déroulé à huis clos. De plus, à la suite d’une évaluation de l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU), il a témoigné avec l’aide d’un assistant présent dans le tribunal.

Le témoin a affirmé que les soldats de M. Bemba avaient « envahi » Begua, une ville de la République centrafricaine (RCA) le 8 novembre 2002, avaient établi une base dans l’école du quartier et avaient creusé des tranchées s’étendant jusqu’au Point Kilomètre 13 ou PK 13, une banlieue de la capitale du pays, Bangui.

Le ‘‘témoin 69’’ a déclaré que les soldats armés du groupe de l’accusé, qui étaient vêtus d’uniformes militaires et qui parlaient lingala, une langue originaire du Congo, avaient attaqué sa sœur « afin de lui prendre son argent » le 9 novembre 2002. « Ils l’ont attrapée et l’ont abattue », a-t-il indiqué.

L’avocat de l’accusation Thomas Bifwoli a présenté un certificat de décès de cette personne comme preuve. Le certificat indiquait comme date de décès le 10 janvier 2002. Interrogé par M. Bifwoli sur les différences de dates, le témoin a répondu qu’il s’agissait d’une erreur.

« Il s’agit d’une erreur faite par les personnes qui ont délivré le document. Je ne sais pas lire, j’ai juste récupéré le document. Je n’ai pas fait attention aux informations qu’il contenait », a expliqué le témoin. Le certificat de décès a été émis par les autorités de la RCA.

Le témoin a relaté que, après la mort de sa sœur, six soldats du MLC l’avaient attaqué ainsi que sa femme dans leur maison. « Ils m’ont empoigné et m’ont emmené dans une des chambres… ils m’ont ordonné de me coucher. L’un d’entre eux s’est approché et m’a sodomisé », a déclaré le témoin. « Les hommes de M. Bemba m’ont humilié ».

Il a ajouté que le même jour, les combattants de M. Bemba avaient violé sa femme. « Ce n’est qu’après deux semaines qu’elle a pu se lever seule ».

« Ma famille est complètement détruite. Ma femme, mes enfants, nous avons subi tout cela. Encore maintenant, je souffre des conséquences de ces crimes et je m’en remets pour tout ceci aux mains de Dieu ».

Les procureurs affirment que jusqu’à 1 500 soldats commandés par M. Bemba ont violé, tué et pillé des civils dans la RCA voisine lors du conflit qui a ravagé ce pays en 2002 et 2003.

Lors de son exposé introductif présenté en novembre dernier, le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo a déclaré que des soldats du MLC avaient violé des hommes centrafricains en public afin d’anéantir leur autorité ainsi que leur capacité à diriger. « Le message qui sous-tend ces viols est particulièrement évident de la part du MLC par le ciblage et le choix des hommes violés, des hommes ayant tous des postes de responsabilité, des dirigeants locaux qui protègent la collectivité », a-t-il indiqué.

L’accusation soutient que M. Bemba savait que ses troupes commettaient des crimes et qu’il n’avait pas pris « toutes les mesures nécessaires et raisonnables qui étaient en son pouvoir pour empêcher ou réprimer leur commission ». M. Bemba a plaidé non coupable pour l’ensemble des cinq chefs d’accusation auxquels il doit répondre.

Le procès se poursuivra demain matin avec la déposition du ‘‘témoin 69’’.


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