Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Un témoin a déclaré aujourd’hui que les troupes congolaises de l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba fonctionnaient indépendamment de l’armée de la République centrafricaine (RCA) lors de leur déploiement dans ce pays.

Le colonel Thierry Lengbe, qui avait servi au sein de l’armée à Bangui en 1987, a indiqué que seule une opération avait été menée conjointement par les forces de l’accusé et par l’armée centrafricaine, les Forces Armées Centrafricaines (FACA).

« Il n’y a eu qu’une opération le 27 [octobre 2002] pour repousser les hommes de Bozizé au-delà du PK 13. Il n’y a pas eu d’autre opération conjointe », a expliqué le colonel Lengbe qui est également connu sous le nom de ‘‘témoin 31’’.

La banlieue du PK 13 ou Point Kilomètre 13, figure parmi les lieux qui ont subi un affrontement soudain entre les forces rebelles de François Bozizé et l’armée nationale lors du conflit qui s’est étendu d’octobre 2002 à mars 2003.

Le témoin a également affirmé que l’équipement radio de la FACA ne pouvait pas communiquer avec celui que les combattants du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba avaient emmené dans ce pays.

L’affirmation du colonel Lengbe selon laquelle les combattants congolais agissaient indépendamment tend à ébranler l’assertion de M. Bemba selon laquelle ses soldats qui étaient déployés en RCA n’étaient pas sous son commandement mais sous celui du président du pays de l’époque, Ange-Félix Patassé. Le président avait invité les combattants du pays voisin à l’aider à contrecarrer une tentative de coup d’état.

M. Bemba, un citoyen congolais, est accusé de trois chefs de crimes de guerre (viol, meurtre et pillage) et de deux chefs de crimes contre l’humanité (viol et meurtre). Les procureurs soutiennent qu’il n’a ni contrôlé ni puni ses troupes qui ont commis des actes de violence sur des civils centrafricains.

Lors de l’interrogatoire mené par l’avocat de l’accusation Bärbel Schmidt, le colonel Lengbe a déclaré que, à la suite de l’insurrection et en tant qu’adjoint du chef d’état-major de l’armée, il avait mis sur pied le Centre de commandement des opérations (CCO) qui coordonnait toutes les opérations militaires contre les insurgés.

Le colonel Lengbe a indiqué que, par le biais de ce centre, les forces de la FACA avaient tenu à distance les rebelles dans la baie avant l’arrivée des aides congolaises. Depuis le 27 octobre 2002, le nombre de soldats du MLC dans le pays était « assez conséquent ». Il a indiqué que ces troupes étaient commandées par le général Mustafa Mukiza qui était mandaté par le capitaine René Abongo. D’après lui, les troupes congolaises étaient arrivées avec leurs armes et équipement militaire.

Le colonel a ajouté qu’il n’avait passé qu’un mois au CCO avant de quitter l’armée et de partir en exil en novembre 2002. Il est depuis retourné au sein de l’armée nationale.

Le procès entendra la suite du témoignage du colonel Lengbe lundi matin.


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