Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, la défense de l’accusé de crimes de guerre congolais Jean-Pierre Bemba a interrogé l’expert militaire au sujet des déclarations de deux témoins qui ont indiqué que les troupes de l’accusé déployées lors du conflit qui a ravagé la République centrafricaine (RCA) étaient passées sous le commandement des autorités de ce pays.

Le général Opande, un expert militaire kenyan qui a débuté son témoignage mardi, a rédigé un rapport sur les structures militaires et la responsabilité de commandement dans le cadre des opérations du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) menées lors du conflit armé centrafricain de 2002-2003. Les procureurs ont présenté ce rapport comme preuve.

Selon les extraits des déclarations des deux témoins ayant comme pseudonyme ‘‘Léonard’’ et ‘‘Marcel’’, l’accusé a déclaré à ses troupes qu’elles avaient été placées sous le commandement des autorités de la RCA. Ils ont affirmé que ces instructions avaient été données avant que les soldats congolais ne quittent leur base mais également lorsque M. Bemba avait visité la capitale centrafricaine Bangui.

‘‘Marcel’’ aurait déclaré que Mustafa Mukiza, qui commandait les troupes congolaises pendant leur expédition dans le pays en conflit, avait reçu des ordres du chef d’état-major centrafricain. ‘‘Léonard’’ et ‘‘Marcel’’ ont tous deux affirmé que les appareils électroniques de communication ne fonctionnaient qu’au Congo et que, par conséquent, ils communiquaient par le biais du réseau radio militaire de la RCA.

Á l’époque, les troupes congolaises étaient alliées aux forces loyales du président en exercice de ce pays, Ange-Félix Patassé, qui combattait une rébellion armée visant à le renverser. M. Bemba est jugé devant le Cour pénale internationale (CPI) pour manquement présumé à contrôler ses troupes que les procureurs accusent d’avoir commis des viols, des meurtres et des pillages. Il a plaidé non coupable.

‘‘Léonard’’ et ‘‘Marcel’’ font partie des témoins dont les déclarations ont été examinées par le général Opande avant qu’il ne rédige son rapport. Le général a examiné les documents et les déclarations de 11 témoins, soit six victimes de la brutalité présumée du MLC et cinq personnes qui auraient connaissance de la structure et du commandement militaires du groupe.

L’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba a soutenu que le rapport de l’expert, qui conclut que M. Bemba exerçait un commandement direct sur ses troupes durant leur séjour dans le pays en conflit, a été principalement basé sur les dépositions de témoins qui ne connaissaient pas la structure de commandement du MLC.

Mardi, le général Opande a reconnu que le rapport comportait des limites puisqu’il ne s’était pas rendu sur le terrain et n’avait pas interviewé des officiers de RCA et du MLC.

De plus, il est apparu aujourd’hui que les procureurs n’avaient pas transmis à l’expert de documents relatifs à l’enquête nationale sur les personnes jugées coupables des crimes commis pendant le conflit.

« Avez-vous connaissance de cette [enquête] et l’accusation a-t-elle mis à votre disposition ces documents ? », a demandé M. Kilolo-Musamba.

« Je ne suis pas au courant et personne ne m’en a parlé jusqu’à présent », a répondu le général Opande.

Dans le cadre de l’enquête, le procureur général de Bangui, Firmin Feindiro, a mené des entretiens avec les officiers militaires du pays qui commandaient les opérations durant le conflit. M. Feindiro a témoigné au procès en avril dernier et a déclaré que son enquête avait conclu que M. Patassé coordonnait et commandait les opérations militaires contre les insurgés.

« Lorsqu’une offensive ou une contre-offensive était organisée, c’était le président qui l’organisait », était-il indiqué dans le rapport de M. Feindiro. En outre, le procureur général de la République centrafricaine a affirmé qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes impliquant M. Bemba dans les crimes commis.

La défense poursuivra le contre-interrogatoire du général Opande vendredi matin.


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