Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

La défense de Jean-Pierre Bemba a interrogé vendredi un expert militaire au sujet des dépositions de témoins ayant affirmé que le commandement de la milice de l’ancien vice-président congolais, lors de sa participation au conflit armé centrafricain de 2002-2003, était passé sous celui du président de l’époque, Ange-Félix Patassé. Les déclarations ont été effectuées par deux colonels des forces armées de la République centrafricaine (RCA), Thierry Lengbe et Joseph Mokondoui, ainsi que par deux témoins identifiés par les pseudonymes de ‘‘Oscar’’ et ‘‘Mathew’’.

Le général Daniel Opande, qui a conclu sa déposition aujourd’hui, a été appelé à comparaître par les procureurs pour apporter un témoignage sur les structures militaires et la responsabilité de commandement. L’officier de l’armée kenyane à la retraite, ancien commandant de différentes missions de maintien de la paix en Afrique pour les Nations Unies, a rédigé un rapport dans lequel il conclut que M. Bemba était le commandant suprême des soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) impliqués dans la campagne armée et qu’il avait des « moyens certains » de donner des ordres directs à ses troupes stationnées dans le pays ravagé par le conflit.

En octobre 2002, M. Patassé avait demandé l’assistance de l’armée privée de M. Bemba pour l’aider à combattre une tentative de coup d’état. Les procureurs soutiennent que des meurtres, des viols et des pillages généralisés commis sur la population civile ont marqué la progression des soldats congolais, une fois déployés dans le pays voisin. En tant que commandant en chef, M. Bemba est jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) basée à La Haye pour manquement à arrêter ou punir ses soldats fautifs.

D’après les extraits des déclarations faites par ‘‘Mathew’’ et ‘‘Oscar’’, les troupes congolaises recevaient directement leurs ordres de M. Patassé par le biais de leur ministre de la défense. Le colonel Lengbe et le colonel Mokondoui auraient déclaré que les « manœuvres et stratégie » des forces armées loyalistes centrafricaines ainsi que celles du MLC avaient été coordonnées par le Centre de commandement des opérations (CCO). À cette période, ont-ils déclaré, ce centre était situé au Camp Beyale, dans la capitale Bangui, et était sous le commandement du chef d’état-major de l’armée du pays, André Mazzi.

Interrogé par l’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba pour savoir si le fait d’avoir connaissance de cette information aurait eu une influence sur son rapport, le général Opande a répondu, « Cela aurait eu une influence sur mon rapport à condition que l’information était la réalité ».

Hier, M. Kilolo-Musamba a interrogé le général Opande sur les déclarations de ‘‘Marcel’’ et ‘‘Léonard’’, deux autres témoins qui ont affirmé que les soldats congolais étaient passés sous le commandement des autorités centrafricaines. Alors que les déclarations des témoins ‘‘Oscar’’ et ‘‘Mathew’’ ainsi que celles de deux colonels centrafricains ne faisaient pas partie de celles sur lesquelles le rapport de l’expert pour la CPI s’est basé, les déclarations de ‘‘Marcel’’ et ‘‘Léonard’’ y figuraient. Le colonel Mokondoui et le colonel Lengbe ont témoigné au procès ces deux derniers mois.

Niant les charges retenues à son encontre, M. Bemba a soutenu que, une fois que ses troupes avaient quitté le Congo, elles étaient passées sous le commandement de M. Patassé et que, par conséquent, c’était ce dernier qui devrait être tenu responsable des crimes présumés. M. Patassé est décédé au mois d’avril de cette année avant que les procureurs ne terminent leurs enquêtes sur le conflit centrafricain.

La fin du témoignage du général Opande porte à 36 le nombre des témoins de l’accusation qui ont témoigné au procès depuis novembre 2010. Quatre autres témoins devraient témoigner en 2012.

La semaine prochaine, la Cour observera les vacances d’hiver et la reprise des audiences est prévue le lundi 16 janvier 2012.


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