Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Un expert en géopolitique a déclaré que le commandant en chef du chef d’opposition congolais inculpé, Jean-Pierre Bemba, dont les troupes ont été déployées dans le conflit armé de la République centrafricaine (RCA) prenait ses ordres auprès du chef de l’armée de ce pays.

Octave Dioba, qui est le deuxième témoin appelé par la défense de l’accusé de crimes de guerre, a indiqué que Mustafa Mukiza, le commandant du contingent du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) impliqué dans le conflit; avait suivi les ordres du chef d’état-major centrafricain et de ses adjoints.

L’expert a également expliqué que même si certaines troupes du MLC avaient peut-être attaqué des civils, « M. Bemba ne pouvait être ténu stratégiquement et politiquement responsable puisqu’il n’avait ni le contrôle des troupes ni le pouvoir en matière de politique. Ces pouvoirs [étaient] aux mains des autorités de la RCA ».

De plus, l’expert a comparé les combattants de M. Bemba aux casques bleus des Nations-Unies, déclarant que, lorsque qu’un pays fournissait des troupes, elles passaient sous le commandement des Nations-Unies et non sous celui de leurs forces nationales respectives. Il a précisé que, de la même manière, les soldats du MLC étaient passés sous le commandement et la responsabilité des autorités militaires centrafricaines, une fois qu’ils avaient été déployés dans le pays en conflit.

Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) accusent M. Bemba, un ancien vice-président du Congo, de n’avoir pris aucune mesure alors que ses combattants pillaient, tuaient et violaient les civils centrafricains entre octobre 2002 et mars 2003. Les 1 500 soldats congolais étaient présents dans le pays voisin pour aider le président menacé, Ange-Félix Patassé, à combattre une rébellion.

Alors que les procureurs soutiennent que M. Bemba avait maintenu un commandement et un contrôle de ses troupes sur le front, ce dernier l’a totalement nié. Il leur a répondu que les combattants étaient sous le commandement de l’autorité de M. Patassé et qu’il n’avait pas les moyens de les commander lorsqu’ils étaient dans le pays en conflit.

Entretemps, M. Dioba a reconnu aujourd’hui net pas s’être rendu sur le théâtre du conflit dans le cadre de ses recherches. Il a déclaré avoir visité la République démocratique du Congo (RDC) et le Cameroun durant le mois de mai et de juin de cette année pour recueillir des données et interviewer certaines personnes aux fins de la rédaction d’un rapport pour la Cour. Il a indiqué que son dernier voyage en RCA remonte à 2009 et a été effectué dans le cadre d’un autre mandat de recherche.

M. Dioba est un chercheur ayant une formation en géopolitique et en stratégie. Il a rédigé un rapport pour la Cour dans lequel il conclut que l’intervention des troupes de M. Bemba lors du conflit centrafricain était « légitime » et en partie destinée à protéger la sécurité nationale du Congo.

Dans son témoignage entendu plus tôt, l’expert a brossé le contexte du conflit armé et a également décrit l’histoire politique troublée de la République démocratique du Congo (RDC) et de la RCA. Il a affirmé que son rapport était basé sur de la documentation, des documents que la défense lui avait donné ainsi que sur des interviews des témoins principaux. Le témoin a divulgué le nom des personnes qu’il a interviewé à huis clos.

Cet après-midi, Marie-Edith Douzima-Lawson, un avocat représentant les victimes participant au procès, a demandé à l’expert la raison pour laquelle il ne s’était pas rendu dans le pays qui était le « théâtre des opérations ».

M. Dioba a répondu : « Les évènements que nous évoquons ont eu lieu il ya 10 ans. Les outils de recherche utilisés par un expert à ce niveau sont les sources et vous n’avez pas besoin de vous rendre en RCA pour ces sources. »

Aujourd’hui également, l’avocat de l’accusation Eric Iverson a interrogé l’expert sur ses conclusions qui indiquaient que l’accusé ne pouvait être tenu responsable du commandement de ses troupes dans le pays voisin puisqu’il n’avait jamais été sur le terrain et qu’elles étaient passées « sous la responsabilité stratégique et politique »des autorités centrafricaines. Les avocats de l’accusation ont également contesté la conclusion de l’expert selon laquelle M. Bemba était un facteur « important » de stabilisation dans son pays ainsi que la recommandation de l’expert dans son témoignage oral selon laquelle l’accusé devrait être libéré.

M. Iverson a suggéré que le témoin était partial et qu’il n’était pas indépendant. « Je pense que vous utilisez la barre des témoin pour défendre vos buts cachés », a-t’il indiqué à l’expert.

« Il n’y a aucune règle concernant l’avis d’un expert qui interdise que des suggestions soient faites », a répondu M. Dioba.

Les audiences se poursuivront lundi matin avec la suite du contre-interrogatoire de l’expert en géopolitique par les avocats des victimes.

 


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