Aujourd’hui, le procès de Jean-Pierre Bemba a entendu que les rebelles menés par François Bozizé recrutaient des citoyens congolais résidant en République centrafricaine (RCA) bien avant l’arrivée des troupes de M. Bemba dans ce pays.
« Je ne suis pas en mesure de vous donner une date exacte mais en me basant sur les renseignements que j’ai reçu, M. Bozizé était en train de recruter de jeunes cireurs de chaussures congolais bien avant ce jour-là », a indiqué le ‘‘témoin D04-57’’, faisant référence au 25 octobre 2002.
Il a déclaré qu’un grand nombre des citoyens congolais en question travaillaient en tant que cireurs dans la capitale Bangui et avaient été recrutés dans la banlieue PK 5. Le témoin a déclaré que ces recrues, ainsi que les mercenaires tchadiens, avaient aidé le général Bozizé à prendre le pouvoir en mars 2003.
Certains témoins de l’accusation avaient précédemment indiqué au procès que des citoyens congolais qui faisaient de petits boulots à Bangui avaient rejoint les troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba lorsqu’elles étaient arrivées à Bangui. Un témoin de l’accusation a déclaré que ces « cireurs de chaussures » parlaient congolais et des langues centrafricaines, et qu’ils ont joué un rôle d’éclaireur comme « indiquer les maisons appartenant aux personnes importantes de la communauté afin que leurs maisons puissent être pillées ».
Le témoin de la défense a affirmé que le nombre de troupes du MLC déployées dans le pays ne dépassait pas celui des forces locales loyalistes à M. Patassé. Il a précisé que les troupes de M. Bemba et leurs homologues centrafricains avaient de « bonnes » relations de travail.
Le témoin, qui a commencé à témoigner devant la Cour pénale internationale (CPI) située La Haye hier, a indiqué que, au début de leur rébellion, les rebelles de M. Bozizé occupaient plusieurs banlieues de Bangui pendant cinq jours à compter du 25 octobre 2002. Ils avaient occupé les banlieues de Boy-Rabé, du PK 12, de Gobongo, du 4e arrondissement, du 8e arrondissement et la route menant à Damara.
Lors du contre-interrogatoire d’aujourd’hui mené par l’avocat de l’accusation Shkelzen Zeneli, il a indiqué que les seules banlieues que les rebelles ne contrôlaient pas pendant ces cinq jours étaient 36 Villas, PK5, Fatima, Muskine et Petevo.
Hormis l’utilisation d’un pseudonyme devant la Cour, le témoin a témoigné avec une déformation numérique de son visage et de son image ainsi que de séances à huis clos afin de ne pas divulguer son identité. Le témoin a indiqué qu’il était une figure d’autorité de premier plan du gouvernement de M. Patassé.
M. Bemba, un ancien vice-président de la République démocratique du Congo, est jugé devant la CPI pour son manquement présumé à contrôler ses troupes du MLC qui auraient commis des viols, des meurtres et des pillages. Les zones où les procureurs soutiennent que les crimes ont eu lieu sont PK 12, Boy-Rabé, Fou, Mongoumba, Bossangoa, Damara, Bossembélé, Sibut, Bozoum et Bossemptele.
Tout en reconnaissant que ses troupes s’étaient rendues dans le pays voisin pour aider M. Patassé à combattre la rébellion de M. Bozizé, M. Bemba a nié les cinq chefs d’accusation retenus à son encontre.
Le contre-interrogatoire du ‘‘témoin D04-57’’ de l’accusation se poursuivra demain matin.