Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Pour son dernier jour de témoignage, un ancien membre du groupe dirigé par l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba a affirmé qu’afin de généraliser son code de conduite militaire, ce dernier avait été réalisé en lingala, une langue congolaise, et en français.

« Les règles de discipline avaient été rédigées en français mais, pour que les soldats puissent les mémoriser, le document était traduit », a déclaré le témoin, qui a débuté lundi son témoignage dans le procès de M. bemba qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI). Outre l’utilisation d’un pseudonyme devant la Cour, les transmissions publiques de son témoignage présentaient une déformation de son image et de sa voix afin de protéger son identité.

Dans son témoignage antérieur, le ‘‘témoin D04-49’’, a affirmé que les soldats appartenant au Mouvement pour la libération du Congo (MLC) étaient « très bien » entraînés et que cette entraînement incluait une discipline militaire et le respect du code de conduite, qui était considéré comme une bible pour le groupe.

Cet après-midi, Marie-Edith Douzima-Lawson, un avocat représentant les victimes participant au procès, a demandé au témoin la langue dans laquelle les exercices d’entraînement étaient effectués.

« En lingala », a précisé le ‘‘témoin D04-49’’. Il a répété que les soldats et les commandants supérieurs avaient à tout moment respecté le code de conduite et cela même lors du déploiement de la milice en République centrafricaine (RCA) en 2002-2003.

Selon le témoin, les cas d’inconduite des soldats lors des opérations dans le pays voisin avaient été signalés et les personnes responsables avaient été arrêtées par les autorités de la RCA et envoyées au Congo pour purger leurs peines.

« Le fait qu’ils aient été sous un contrôle opérationnel centrafricain pendant leur mission ne signifiait pas qu’ils n’étaient plus congolais. Des enquêtes ont été menées afin de déterminer la vérité », a-t-il indiqué.

La suite de l’interrogatoire du ‘‘témoin D04-49’’ mené par Mme Douzima-Lawson a été menée à huis clos.

L’accusation soutient que la plupart des soldats du MLC ne connaissaient pas l’existence du code de conduite puisqu’il a été diffusé en français à des soldats semi-analphabètes, qui ne comprenaient pas cette langue.

Hier, l’avocat de l’accusation Jean-Jacques Badibanga a présenté un grand nombre de journaux de communication relatifs aux communications échangées entre le quartier général du MLC en République démocratique du Congo et les commandants sur le terrain en RCA. Certains de ces journaux émanaient de commandants sur le terrain demandant de l’équipement et répondant aux demandes d’informations sur les opérations, notamment sur les effectifs, les tactiques et les armes de l’ennemi.

En réponse à l’interrogatoire de M. Badibanga, le ‘‘témoin D04-49’’ a déclaré que M. Bemba n’avait pas les moyens de communiquer avec ses commandants stationnés dans le pays en conflit. Le témoin a également indiqué que les journaux de communication qui semblaient montrer que M. Bemba donnait des ordres directs à ses commandants sur le terrain stationnés dans le pays voisin ne constituaient pas une preuve probante du fait qu’il était le responsable.

Cet après-midi, lors de l’interrogatoire mené par l’avocat de la défense Peter Haynes, le ‘‘témoin D04-49’’ a réaffirmé sa position.

Dans une série de journaux, datés du 12 au 20 janvier 2003, le chef d’état-major du MLC demande au commandant du groupe stationné en RCA des informations sur l’ennemi.

« Qu’est-ce que ce message, envoyé 11 semaines après que les congolais se soient rendus en RCA, nous dit de l’implication des hauts dirigeants du MLC dans le commandement des opérations des troupes ? », a demandé M. Haynes.

« C’est la contradiction du message. En principe, vous ne demandez pas cette information tant de temps après voir été engagé dans une opération. C’est une information qu’un commandant est censé avoir bien avant une opération. C’est étrange qu’une telle information soit demandée après les opérations », a répondu le témoin.

Interrogé par M. Haynes sur les conclusions qui pourraient être tirées sur le contrôle des troupes du MLC par leur quartier général, étant donné que ce type d’information n’a jamais été redemandé dans un autre journal de communication, le témoin a indiqué que cette information était probablement fournie pour des questions administratives. « Le chef d’état-major n’avait pas cette information. Il s’est apparemment réveillé à ce moment-là et a demandé l’information ».

En octobre 2002, le président de la RCA Ange-Félix Patassé, a demandé le soutien des troupes de M. Bemba pour l’aider à combattre une tentative de coup d’état. Les procureurs de la Cour pénale internationale affirment que la progression du MLC dans le pays en conflit a été marquée par des meurtres, viols et pillages généralisés. En tant que commandant en chef, M. Bemba est accusé de deux crimes de guerre et de trois crimes contre l’humanité pour manquement à contrôler ses soldats déchaînés. Il a plaidé non coupable.

Les audiences du procès devraient se poursuivre lundi 26 novembre 2012, avec la déposition d’un nouveau témoin de la défense.

 


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