Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, un témoin a déclaré que Jean-Pierre Bemba n’était pas en charge des opérations et de la discipline au sein du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), le groupe qu’il avait créé. Un ancien officier de la milice de l’accusé, qui a débuté son témoignage ce matin, a déclaré que ces responsabilités incombaient au chef d’état-major du groupe, le colonel Dieudonné Amuli.

Témoignant sous le pseudonyme de ‘‘témoin D04-18’’ devant la Cour pénale internationale (CPI), il a été interrogé par l’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba sur la structure de commandement du MLC dans le territoire qu’il contrôlait en République démocratique du Congo entre 2001 et 2003.

« La gestion, le contrôle, la planification ou l’organisation quotidiens du MLC relevaient du commandement du général [Dieudonné] Amuli assisté de différentes directions et de ses divers commandants », a indiqué le témoin.

Interrogé par M. Kilolo-Musamba pour savoir qui était chargé de la discipline de ses soldats, le ‘‘témoin D04-18’’ a déclaré qu’il s’agissait du général Amuli, assisté de la direction du renseignement du groupe. Il a indiqué que cette direction enquêtait régulièrement sur des cas d’indiscipline et soumettait ses rapports et recommandations au général Amuli. Cependant, c’était le général Amuli qui prenait la décision finale et il pouvait rejeter les recommandations de la direction.

Le témoin a affirmé que c’était l’usage général lors de la gestion quotidienne d’une armée que ce soit le chef d’état-major qui en soit chargé. Le général Amuli est actuellement chef des opérations dans l’armée nationale congolaise, qu’il a rejoint avec d’autres troupes du MLC à la suite d’un accord de paix signé en 2003.

« Quel était le rôle de M. Bemba au sein du MLC ? », a demandé l’avocat de la défense.

« M. Bemba était le commandant en chef », a répondu le témoin. « Il était celui qui présidait le comité politico-militaire. Il ne prenait de mesures que si des informations parvenaient à son niveau ».

Le témoin a expliqué que bien que les commandants sur le terrain avaient parfois transmis une copie de leurs rapports à M. Bemba, ce dernier y avait rarement réagit. Décrivant M. Bemba comme « un homme très rigoureux » et « strict », le témoin a déclaré que, même dans les rares occasions où il avait réagit à certains rapports, la responsabilité de mettre en œuvre, de donner des réponses et d’assurer la surveillance revenait au chef d’état-major.

Les procureurs de la CPI soutiennent que M. Bemba exerçait un commandement et un contrôle directs sur ses troupes déployées en République centrafricaine (RCA) en 2002 et 2003 et qu’il était en mesure de donner des ordres à ces troupes. Ils affirment ensuite que bien que M. Bemba savait que ses troupes commettaient des crimes, il ne les avait ni arrêté ni puni. En effet, certains témoins de l’accusation ont déclaré que M. Bemba était en contact direct et régulier avec ses troupes et que l’accusé communiquait avec ses commandants basés en RCA par le biais d’une radio, d’un téléphone satellite Thuraya et d’un téléphone portable.

En août dernier, un brigadier-général de l’armée française à la retraite, Jacques Seara, a affirmé que Mustafa Mukiza, qui commandait le contingent congolais déployé dans le pays voisin, était le seul en mesure de maintenir un lien administratif avec le quartier général du groupe situé au Congo et de faire des rapports réguliers sur la situation du pays en conflit et sur les difficultés rencontrées. Il a indiqué que les messages du colonel Mustafa, notamment les rapports sur les décès et les blessures, étaient spécifiquement adressés au général Amuli.

Le général Seara a expliqué que, à partir de l’analyse des documents et interviews faites avec les officiers supérieurs de la milice de l’accusé et de l’armée centrafricaine, il était peu probable que le colonel Mustafa et M. Bemba aient été en mesure de communiquer directement.

Dans son témoignage d’aujourd’hui, le ‘‘témoin D04-18’’ a décrit le déploiement des troupes du MLC dans le pays voisin pendant le conflit de 2001. Il a indiqué que ces troupes n’entretenaient pas de contact direct avec le quartier général au Congo. Le témoin a déclaré que le chef d’état-major de l’armée centrafricaine donnait des ordres opérationnels aux soldats du MLC et que c’était à lui et au ministre de la défense de ce pays que les troupes congolaises rendaient compte.

Le témoin a précisé que, à l’époque du conflit, il avait quitté l’armée. C’était pourquoi, il n’était pas en mesure de témoigner sur les évènements spécifiques pour lesquels M. Bemba est jugé.

Le procès se poursuivra demain.

 


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