Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Le dernier jour de son témoignage, un ancien soldat des forces armées de la République centrafricaine (RCA) a déclaré qu’il y avait peut-être eu une « confusion » au sujet de l’identité des auteurs des crimes perpétrés lors du conflit armé de 2002-2003 dans ce pays.

Témoignant au procès pour crimes de guerre de Jean-Pierre Bemba devant la Cour pénale internationale (CPI), le ‘‘témoin D04-04’’ a affirmé qu’il était possible que les crimes aient été commis par des soldats centrafricains qui parlaient lingala, une langue originaire de la République démocratique du Congo.

« On ne pouvait pas distinguer les soldats congolais des soldats centrafricains car ils portaient tous le même uniforme », a-t-il indiqué. Il a soutenu n’avoir eu connaissance d’aucun crime commis par les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) dirigé par l’accusé.

L’avocat de l’accusation Thomas Bifwoli a déclaré au témoin que le procès avait entendu précédemment un témoignage sur des armes qui auraient été volées aux combattants du MLC par des soldats centrafricains. M. Bifwoli a indiqué que, d’après ce témoignage, les soldats congolais avaient ensuite opéré de manière indépendante.

L’avocat de l’accusation a demandé au ‘‘témoin D04-04’’ pourquoi son témoignage contredisait cette déposition.

Le témoin a répondu : « Ne sous-estimez pas les FACA [Forces armées centrafricaines]. Nous n’allions pas rester sans rien faire et laisser des gens qui étaient venus nous aider nous piller. Je ne peux imager qu’il y ait un seul soldat centrafricain qui puisse le tolérer ».

Dans son témoignage d’hier, ce témoin a décrit des actes de violence commis par les rebelles en octobre 2002. Il a indiqué que les rebelles avaient commis des agressions à Sibut, au PK 12 et à Damara. Il a précisé que ces villes avaient été « libérées » du contrôle des rebelles par les soldats gouvernementaux assistés des troupes de M. Bemba.

Aujourd’hui également, Marie Edith Douzima-Lawson, un avocat représentant les victimes au procès, a présenté une déclaration faite par un témoin précédent qui habitait Sibut. Cette personne anonyme a affirmé que les troupes de M. Bemba avaient violé des filles dont certaines étaient âgées de 10 ans. Ces filles auraient été vues dans la ville courant nues et hurlant.

Le ‘‘témoin D04-04’’ a affirmé que les habitants de Sibut « avaient chaleureusement accueilli » les troupes communes de congolais et de FACA. « Elles étaient heureuses de nous voir », a-t-il ajouté.

L’accusation soutient que M. Bemba, en tant que commandant en chef du MLC, est responsable de trois chefs de crime de guerre (viol, meurtre et pillage) et de deux chefs de crime contre l’humanité (meurtre et viol) commis par ses troupes en RCA. L’ancien vice-président du Congo a plaidé non coupable à son procès qui a débuté en novembre 2010.

Le témoignage du ‘‘témoin D04-04’’ a été entendu via un lien vidéo depuis un lieu dont le nom n’a pas été divulgué. Son visage et sa voix ont été déformés numériquement lors des transmissions publiques afin de protéger son identité.

Demain, un nouveau témoin se présentant sous le pseudonyme de ‘‘témoin D04-06’’ débutera sa déposition.

 


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