Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, un témoin a décrit un massacre dans un marché au bétail situé dans la capitale de la République centrafricaine (RCA) qui, selon lui, avait été perpétré par une milice alliée des forces armées du pays.

Le témoin, qui a servi dans les Forces armées centrafricaines (FACA), a déclaré aux juges du procès Jean-Pierre Bemba que, à la fois l’armée nationale et les rebelles de François Bozizé avaient agressé les civils pendant le conflit de 2002-2003.

Témoignant sous le pseudonyme de ‘‘témoin D04-03’’, il a indiqué que les actes violents commis par les soldats des FACA étaient des représailles aux attaques menées par les rebelles. Il a déclaré que les rebelles avaient violé, pillé et tué, les insurgés visant les membres des familles et les partisans du président de l’époque, Ange-Félix Patassé

Selon le témoin, les soldats des FACA dont les parents avaient subi des actes de violence de la part des rebelles perpétraient des attaques pour se venger. Il a précisé qu’une de ces attaques avait été menée par le colonel Abdoulaye Miskine dans un marché au bétail du PK 13, une banlieue de la capitale Bangui.

« La plupart des personnes qui vendaient du bétail étaient des tchadiens. Les hommes de M. Miskine ont tué tous les gens qu’ils pensaient être tchadiens », a indiqué le témoin. Il n’a pas précisé combien de personnes avaient été blessées ou tuées lors de la fusillade. Cette attaque avait été menée car il y avait des citoyens tchadiens parmi les rebelles de M. Bozizé.

M. Miskine, connu également sous le nom de Martin Koumtamadji, commandait une unité spéciale indépendante des FACA, qui figurait parmi les groupes qui ont aidé M. Patassé à combattre les insurgés. Les troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba combattaient aux côtés des forces loyalistes de M. Patassé.

M. Bemba est jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) pour les viols, meurtres et pillages qui auraient été commis par ses troupes. L’ancien vice-président du Congo a nié les charges et a affirmé que n’importe laquelle des nombreuses milices actives dans le conflit à l’époque avait pu commettre ces crimes.

Le ‘‘témoin D04-03’’ a déclaré qu’il avait, avec d’autres soldats centrafricains, pillé la résidence de M. Bozizé, prenant des chaussures, des vêtements, des véhicules et des armes.

Il a soutenu avoir été présent pendant des viols perpétrés par les soldats des FACA. Il a indiqué que les viols l’avaient mis en colère. « Ce n’était pas pour cette raison que nous étions là. Notre but était de libérer les centrafricains, non pas de violer nos sœurs », a précisé le témoin.

« Avez-vous vu des troupes du MLC impliquées dans la commission de crimes ? », a demandé l’avocat de la défense Peter Haynes.

« Non, je ne l’ai jamais vu », a répondu le témoin.

Lors du contre-interrogatoire mené par l’avocat de l’accusation Horejah Bala-Gaye, le ‘‘témoin D04-03’’ a soutenu ne connaître aucun crime commis par les troupes de M. Bemba. Mme Bala-Gaye a présenté au témoin la déposition entendue précédemment devant la Cour, dans laquelle des civils centrafricains attribuaient les crimes au MLC. Elle a déclaré que la station de radio locale Ndeke Luka avait largement diffusé des rapports sur les crimes présumés.

« Lorsque nous étions sur le terrain, il n’y avait pas de journalistes aussi d’où cette information pouvait-elle provenir ? », a répondu le témoin.

Entretemps, cet après-midi, le ‘‘témoin D04-04’’, un autre soldat des FACA, a raconté que le MLC était arrivé dans le pays en conflit le 29 octobre 2002 et avait reçu des uniformes militaires, des armes ainsi que des véhicules de la part des autorités centrafricaines. Il a indiqué qu’ensuite, les troupes congolaises avaient fusionné avec les soldats locaux sur la base de deux pelotons centrafricains pour un peloton du MLC.

Le ‘‘témoin D04-04’’ a indiqué que les troupes communes avaient débuté leurs opérations contre les rebelles le 3 octobre 2002. Lors de ces opérations, des ordres et des instructions avaient été émises par le biais du Centre de commandement des opérations (CCOP), qu’il a indiqué être dirigé par des généraux centrafricains.

Le ‘‘témoin D04-03’’ devrait poursuivre sa déposition demain matin. Il n’a pas été en mesure de poursuivre son témoignage cet après-midi pour des raisons que la Cour n’a pas dévoilées. Entretemps, le ‘‘témoin D04-04’’ devrait poursuivre sa déposition demain après-midi. Les deux témoins ont apporté leur déposition via un lien vidéo depuis un lieu dont le nom n’a pas été divulgué.

 


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