Aujourd’hui, un ancien combattant du conflit armé de 2002-2003 qui s’est déroulé en République centrafricaine (RCA) a contesté la date à laquelle les procureurs affirment que les forces du groupe dirigé par l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba ont été déployées lors du conflit.
Selon l’ancien membre du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), qui a témoigné sous le pseudonyme de ‘‘témoin D04-13’’, les combattants n’étaient pas déployés dans le pays en conflit avant le 29 octobre 2002. Son récit contredit les affirmations de l’accusation selon lesquelles les soldats de l’accusé, à compter du 25 octobre de cette année, commettaient des viols, des meurtres et des pillages lors du conflit.
Le témoin, qui figurait parmi les soldats congolais déployés dans le pays voisin, a raconté qu’un petit groupe de soldats du MLC avait été envoyé dans la capitale centrafricaine Bangui le 26 octobre 2002 mais que les soldats n’avaient passé que quelques heures dans ce pays pour rencontrer les commandants locaux avant de retourner chez eux dans la même journée.
Il a déclaré que ce groupe d’environ 100 soldats était passé en bateau de la République démocratique du Congo à la RCA où il avait été accueilli au Camp Beyale de Bangui. Le groupe comprenait un certain nombre de commandants de compagnie ainsi que des fantassins qui servaient de gardes du corps.
« Est-ce que cette délégation s’était déplacée à des fins de guerre ? », a demandé l’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba.
Le témoin a répondu, « S’ils avaient l’intention de s’engager dans une guerre, ce serait les commandants de peloton qui se seraient déplacés. Les commandants de compagnie ne sont pas ceux qui dirigent les combats ». Il a ajouté que la délégation n’avait pas de soutien armé mais possédait uniquement une arme individuelle et son chargeur par personne.
Le témoin a indiqué que, une fois à Camp Beyale, les commandants de compagnie avaient pénétré dans une salle de réunion tandis que les fantassins étaient restés à l’extérieur.
« La réunion était présidée par le sous-chef d’état-major centrafricain. Il s’appelait Thierry Lengbe », a-t‘il précisé. Le colonel Lengbe a invité les congolais « à venir à leur aide afin de repousser l’ennemi » qui menaçait de renverser le gouvernement, dont le chef à l’époque était le président Ange-Félix Patassé.
« Est-ce qu’un membre de la délégation s’est rendu dans d’autres quartiers de Bangui hormis le Camp Beyale ? », a demandé M. Kilolo-Musamba.
« Ils n’ont pas quitté le camp », a répondu le témoin qui a également indiqué que les soldats étaient retournés dans la ville congolaise de Zongo avant 16 h de la même journée.
Il a déclaré que, lorsque les soldats étaient revenus à leur base congolaise, deux de leurs chefs, le colonel René Abongo et le lieutenant Willy Bomengo, avaient fait un rapport au haut commandement du MLC sur la réunion qui s’était tenue dans le pays en conflit et qu’il avait été décidé de déployer un bataillon de soldats le 29 octobre.
Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) accusent les troupes de M. Bemba d’avoir commis des actes de violence sur les civils centrafricains entre le 25 octobre 2002 et le 15 mars 2003. Les troupes de M. Bemba n’étaient pas encore déployées dans ce pays à l’époque où les nombreux crimes qui leur sont attribués ont été perpétrés.
De plus, bien qu’il reconnaisse avoir envoyé ses troupes pour participer au conflit, M. Bemba nie avoir eu connaissance des crimes que ses troupes auraient commis et d’avoir omis de les avoir punies.
Le 4 novembre 2013, les juges ont accédé à la demande de la défense d’entendre la déposition du ‘‘témoin D04-13’’ à la place du ‘‘témoin D04-41’’ que les juges considéraient comme réticent et incapable de témoigner étant donné les difficultés rencontrées pour le contacter. Selon les avocats de la défense, en raison du rôle joué par les deux témoins à l’époque du conflit, il existe un « chevauchement important du contenu proposé de leur témoignage ».
Le ‘‘témoin D04-13’’ avait été initialement retiré de la liste des témoins du fait de la « pression exercée » sur lui par des parties dont le nom n’a pas été divulgué, notamment « une arrestation et un interrogatoire arbitraires » en relation avec son association avec l’équipe de défense.
Le témoin a donné sa déposition via un lien vidéo avec une déformation numérique de la voix et du visage pour protéger son identité. Il poursuivra sa déposition demain matin.
je crois que la déposition du temoin D04-13 édifie suffisamment les juges sur les dates précises de l’arrivée de premiers éléments du MLC à bangui et je suis certain que si les juges pouvaient faire aussi une descente sur terrain en RCA en vue de vérifier les accusations et les moyens de défense de l’accusé car étant aussi saisis des versions de ces deux parties, nous osons croire que le verdict sera sans complaisance. Louis Moreno avait boutiqué cette histoire avec certains politiks africains en vue de faire terre les congolais. mais la vérité reste têtue.
La descente sur terrain pour les juges de la CPI, est obligatoire et même s’il serait possible de recueillir les témoignages de l’Ambassade de France à bangui ou de SOFITEL situés juste en face de la Ville de Zongo en RDC où les soldats du MLC avaient débarqués avant de traverser le fleuve Ubangui pour la RCA.
Bref, une descente sur terrain pourrait departager les parties tout en recueillant les témoignages de riverains du fleuve Ubangui.