Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) étaient « très bien » entraînés, d’après le témoignage d’un ancien membre du groupe dirigé par l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba.

Témoignant aujourd’hui au procès Bemba qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI), l’ancien membre se présentant sous le pseudonyme de ‘‘témoin D04-49’’ a déclaré que l’entraînement du groupe incluait la discipline militaire et le respect du code de conduite qui était considéré comme une bible par le groupe.

Le témoin a également indiqué que les opérations militaires en République démocratique du Congo (RDC) étaient coordonnées par le biais de transmissions radio dans un centre situé sur même terrain que la résidence du chef d’état-major du groupe. Ce centre se trouvait dans la ville congolaise de Gbadolite où le groupe avait son quartier général.

Le ‘‘témoin D04-49’’ est le douzième témoin appelé par la défense dans le procès de l’ancien vice-président du Congo, qui nie avoir assisté aux meurtres, viols et pillages commis par ses soldats. L’essentiel des témoignages de la journée s’est déroulé à huit clos. Pendant les brèves transmissions publiques, la déposition du ‘‘témoin D04-49’’ a été entendue avec une déformation numérique de sa voix et de son visage afin de ne pas divulguer son identité.

Lors de l’interrogatoire de l’avocat de la défense Peter Haynes, le ‘‘témoin D04-49’’ a déclaré que la discipline militaire telle que définie dans le code de conduite était « particulièrement » mise en avant lors de l’entraînement des troupes.

« L’entraînement incluait la discipline militaire et le code de conduite qui était considéré comme une bible selon laquelle on savait comment se comporter », a précisé le témoin.

Il a affirmé que le groupe avait une politique stricte concernant l’usage des drogues et de l’alcool ainsi que par rapport aux crimes commis à l’encontre des civils. Il a indiqué que les personnes qui enfreignaient les règles étaient condamnées devant un conseil de discipline.

Les procureurs soutiennent que M. Bemba n’a pas arrêté ou puni les crimes perpétrés par ses troupes insuffisamment entraînées ayant participé au conflit armé qui a ravagé la République centrafricaine (RCA) en 2002 et 2003. En tant que commandant en chef, il est tenu pénalement responsable de deux crimes de guerre et de trois crimes contre l’humanité découlant des crimes qu’auraient perpétré ses troupes sur des civils centrafricains.

Entretemps, le ‘‘témoin D04-49’’ a déclaré que le MLC avait un centre par le biais duquel étaient transmises les communications aux unités déployées sur le territoire congolais contrôlé par le groupe. Tous les messages transmis par le centre, qui était connu selon le témoin sous le nom Charlie Tango Romeo, étaient reçus par des opérateurs, enregistrés dans des registres puis transmis au chef d’état-major pour qu’il puisse agir.

« C’est avec cet équipement qu’un commandant [d’une unité] est en mesure de communiquer et de recevoir des ordres », a déclaré le témoin.

« Y avait-il un seul centre ou en existait-il d’autres ? a demandé M. Haynes.

« Il n’y avait qu’un seul centre de transmission », a répondu le témoin. Il a déclaré qu’il était situé à deux ou trois mètres de la résidence du colonel Dieudonné Amuli, le chef d’état-major du MLC.

Le ‘‘témoin D04-49’’ n’a pas indiqué en séance publique si c’était le même centre de communication qui était utilisé pour coordonner les activités du MLC lors de son déploiement dans la RCA voisine.

Certains anciens membres du MLC, qui ont témoigné à charge, ont déclaré que M. Bemba commandait ses troupes par le biais d’un centre de communication situé à l’extérieur de sa résidence de Gbadolite. Certains de ces témoins ont également affirmé que bien que le MLC avait un code de conduite, la plupart des soldats n’en connaissait pas l’existence. La défense a rejeté ces allégations.

Le ‘‘témoin D04-49’’ poursuivra sa déposition demain matin.

 


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