Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Un ancien officier militaire du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) a déclaré aux juges que le fondateur de son groupe, Jean-Pierre Bemba, ne donnait pas d’ordres opérationnels à ses combattants déployés lors d’un conflit se déroulant dans le pays voisin.

Témoignant pour la deuxième journée devant la Cour pénale internationale (CPI), le ‘‘témoin D04-18’’ a décrit l’expédition du MLC en République centrafricaine (RCA) en 2001, à laquelle il avait participé, destinée à soutenir le président en exercice dans sa lutte contre une tentative de coup d’état.

Le témoin a déclaré que tous les ordres donnés à ces troupes provenaient du général François Bozizé, qui était à l’époque le chef d’état-major des Forces armées centrafricaines (FACA) et qui commandait les opérations contre l’insurrection. Il a indiqué que les soldats centrafricains combattaient aux côtés des soldats étrangers, jouant le rôle de guide puisqu’ils étaient familiarisés avec le terrain.

L’avocat de l’accusation Horejah Bala-Gaye a lu des extraits d’un livre écrit par M. Bemba dans lequel il affirmait qu’il donnait des ordres à ses soldats pour prendre une rue spécifique pendant cette campagne dans la capitale centrafricaine Bangui. « Donner l’ordre de prendre une rue spécifique n’est-il pas un ordre tactique ? », a demandé Mme Bala-Gaye.

Le témoin a répondu que les soldats centrafricains avaient élaboré un plan opérationnel qui divisait les zones opérationnelles entre les FACA et leurs alliés congolais et libyens.

« Pensez-vous que M. Bemba connaissait les rues de Bangui pour dire aux soldats laquelle prendre ? », a demandé le témoin. « Les différents axes de la ville peuvent être trouvés sur le plan opérationnel établi par les FACA et c’est l’état-major général des FACA qui, via M. Bozizé, a décidé de prendre telle ou telle rue. Le ‘‘témoin D04-18’’ a indiqué que cela aurait été un « imbroglio total » pour lui-même et pour les autres soldats déployés dans le pays voisin que de recevoir des ordres de M. Bemba plutôt que de la part de la hiérarchie militaire du pays.

« Il n’y avait pas d’ordres directs provenant de M. Bemba lorsque nous étions à Bangui », a-t’il souligné. Selon le témoin, il était possible que les éditeurs du livre de M. Bemba l’aient embelli pour « des questions de propagande », ce qui pourrait expliquer cette allusion à un ordre qu’il aurait donné aux soldats déployés dans le pays en conflit.

La déposition de ce témoin concerne la première intervention en 2001 des forces de M. Bemba dans le conflit centrafricain. Les charges de responsabilité de commandement auxquelles il doit répondre devant la CPI pour les meurtres, viols et pillages présumés résultent d’une deuxième intervention qui a duré d’octobre 2002 à mars 2003. C’est un axe de défense toutefois que de montrer que les structures de commandement et de contrôle en place sont les mêmes pour les deux interventions. La défense a, en outre, nié le fait que M. Bemba avait les moyens de donner des ordres à ses soldats une fois déployés en dehors de la République démocratique du Congo.

Le ‘‘témoin D04-18’’ apporte sa déposition lors du procès avec des mesures de protection et notamment une déformation numérique de la voix et du visage lors des transmissions publiques afin de protéger son identité. Son témoignage d’aujourd’hui s’est conclu prématurément pour raison de santé. Un médecin de la Cour devrait évaluer son état de santé. Il n’a pas été clairement indiqué s’il serait en mesure de poursuivre son témoignage demain.

 


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